La connaissance des références médicales opposables reste faible parmi les généralistes
D'après une étude menée par des médecins français, la connaissance des références médicales opposables (RMO) reste faible chez les généralistes. Il n'est donc pas certain que les RMO parviennent à modifier le comportement des médecins français.
Les RMO, introduites en France en 1993, sont destinées à éviter des choix diagnostiques ou thérapeutiques inappropriés mais participent également au contrôle des dépenses de santé. L'application des RMO ainsi que l'éventualité de sanctions financières en cas de non-respect ont soulevé de nombreuses critiques de la part de la profession médicale.
Le Dr Pierre Durieux (Faculté de Médecine Broussais, Hôtel Dieu, Paris) et plusieurs médecins français ont conduit en 1998 une étude afin d'évaluer le niveau de connaissance des généralistes français dans ce domaine. Leurs travaux ont été publiés dans le numéro de mai de Archives of Family Medicine, journal de l'American Medical Association.
L'évaluation de ces connaissances a été réalisée à l'aide d'un questionnaire qui se décomposait en 3 points : sujets médicaux ou pathologies soumis aux RMO, RMO entrant dans le cadre d'un choix diagnostique et RMO relatives à un choix thérapeutique.
Ces 3 sujets ont été évalués par 8 questions chacun : 4 propositions étaient des RMO publiées en 1997 et les 4 autres étaient des RMO fictives, imaginées par les auteurs. Les RMO fictives correspondaient néanmoins à des recommandations de bonne pratique médicale.
Il a été demandé aux 321 médecins qui ont participé à cette étude d'identifier dans cette liste les RMO extraites de la liste de 1997. Une réponse par oui ou non était requise.
Les résultats ont été mesurés en pourcentages de bonnes réponses. Concernant les sujets ou pathologies régies par des RMO, le pourcentage de bonnes réponses était de 55,8 %. Pour ce qui est de la connaissance des RMO elles-mêmes (existe ou n'existe pas), le pourcentage de bonnes réponses était de 50,5 % : 53,2 % pour les RMO "diagnostiques" et 47,8 % pour les RMO "thérapeutiques".
En considérant que répondre au hasard aurait amené à 50 % de bonnes réponses en moyenne, les scores réalisés par les médecins généralistes sont faibles. Les auteurs notent cependant que le pourcentage de bonnes réponses était plus élevé pour les RMO en vigueur (62,2 %) que pour les RMO fictives (43,2 %). Néanmoins, aucun des médecins interrogés n'a répondu correctement aux 24 questions.
Ce mauvais résultat obtenu 4 ans après la mise en place de ces mesures pourrait, selon les auteurs, être imputable "au nombre de RMO en vigueur et aux difficultés de contrôle de l'application de ces références". "Il n'est pas certain que ces mesures puissent avoir un effet à long terme sur le comportement des médecins français".
Source : Arch Fam Med. 2000;9:414-418
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