Prophylaxie de la schistosomiase : les bénéfices de l'arthemether per os
Une étude publiée cette semaine dans le Lancet montre que l'artemether, un dérivé de l'artemisine, permet de prévenir les infections de Schistosomia mansoni. Cette molécule étant apparentée à un antipaludique, son emploi doit être entouré de précautions afin d'éviter la sélection de souches de Plasmodium résistantes.
Un éditorial du Lancet rappelle que la schistosomiase est la deuxième maladie parasitaire (derrière le paludisme) en terme de santé publique et de conséquences économiques. Une des molécules utilisées pour le traitement de la shistosomiase, le praziquantel, n'est pas toujours bien toléré par les patients et entraine des phénomènes de résistances ce qui a conduit les chercheurs à développer de nouvelles molécules.
Ainsi, l'équipe du Dr Utzinger du Swiss Tropical Institute de Basel et des chercheurs de l'Université Cocody d'Abidjan ont évalué l'effet de l'artemether. Une étude en double aveugle a été réalisé dans l'est de la Côte d'Ivoire, une région où S. mansoni est endémique. La prévalence de l'infection est de 75 % et on note une réinfection dans les 5 mois chez 48 % des patients.
Après une cure de 4 semaines de praziquantel, 138 enfants testés négatifs pour S. mansoni ont reçu de l'artemether per os (6 mg/kg) 6 fois toutes les trois semaines. Le groupe contrôle (n = 151) a reçu un placebo.
L'administration d'artemether n'a pas entrainé d'effet secondaire. L'incidence de S. mansoni était significativement plus réduite dans le groupe artemether avec un risque relatif de 0,5. Les auteurs ont également noté une réduction de la prévalence de Plasmodium falciparum chez ces sujets.
En conclusion, les auteurs indiquent que l'artemether per os ne présenta pas de danger particulier pour le sujet et constitue un traitement prophylactique efficace contre S. mansoni. Néanmoins, son utilisation "doit être recommandée dans des situations appropriées en tant qu'outil additionnel dans le cadre de mesures de contröle de la schistosomiase". De plus, son utilisation nécessite certaines précautions en raison d'un risque de sélection de souches résistantes de P. falciparum.
Source : Lancet 2000;355:1320-25
Descripteur MESH : Schistosomiase , Emploi , Patients , Praziquantel , Prévalence , Risque , Éditorial , Incidence , Infection , Maladie , Paludisme , Placebo , Santé , Santé publique