Consommation de médicaments pendant la grossesse : une enquête du CHU de Toulouse
Effectuée entre le mois d’août 1994 et le mois d’octobre 1995 auprès de 250 femmes en consultation dans le service des consultations prénatales du Centre hospitalier universitaire de Toulouse, une étude concernant la prise de médicaments pendant la grossesse montre « la forte proportion de femmes exposées aux médicaments pendant la grossesse ».
Cette étude, aujourd’hui publiée dans le dernier numéro de la revue française ‘Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction’ souligne « la nécessité pour les professionnels de santé d’informer les patientes sur les risques potentiels liés à la prise de médicaments non évalués ou dont l’innocuité n’est pas démontrée chez la femmes enceinte ».
Ce travail, conduit par le Dr C. Damase-Michel et ses collègues toulousains, présente les résultats d’une enquête effectuée en Midi-Pyrénées auprès de femmes enceintes venues en consultation prénatale au Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse.
Lors de cette enquête, l’entretien avec chacune des patientes a permis, à l’aide d’un questionnaire, de connaître les différents médicaments pris par les patientes (sur prescription ou en automédication) pendant la seule semaine précédant l’interrogatoire, ceci pour éviter le biais de mémorisation.
L’influence des facteurs socio-biographiques dans la prise de médicaments a été recherchée. L’âge des femmes interrogées variait entre 18 et 43 ans, avec une moyenne de 29 +/- 5 ans. 91,6 % d’entre elles vivaient en couple, 47,6 % vivaient à Toulouse, 28, 8 % dans l’agglomération toulousaine et 23,6 % en milieu rural.
Les résultats de l’enquête sur 250 femmes montrent que 84 % d’entre elles utilisaient au moins un médicament pendant la semaine précédant l’interrogatoire et que près d’une femme sur 5 avait recours à l’automédication. Ce dernier chiffre est comparable à celui retrouvé par deux études antérieures, mais est bien inférieur aux résultats rapportés par une autre.
Les auteurs notent que « homéopathie, phytothérapie ou ‘compléments nutritionnels’ se consomment volontiers en automédication sans doute en raison de leur réputation d’innocuité. Malheureusement, celle-ci reste, à l’heure actuelle, non évaluée ».
Ils soulignent, qu’en raison de la brièveté de la période de recueil des médicaments consommés et du petit nombre de femmes interrogés au premier trimestre de grossesse (en effet, peu de femmes consultent à la maternité d’un hôpital avant 10 semaines d’aménorrhée), cette étude n’a pas permis d’attribuer la survenue de malformations à la prise de tel ou tel médicament.
Source : J Gynecol Obstet Biol Reprod, 2000 ; 29 : 77-85.
Descripteur MESH : Grossesse , Femmes , Automédication , Biologie , Femmes enceintes , Homéopathie , Malformations , Obstétrique , Phytothérapie , Premier trimestre de grossesse , Santé , Travail