L'épidémie du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob revue à la baisse

Selon un modèle statistique développé par des chercheurs de l'Inserm, le nombre total de cas de nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) ne dépasserait pas 205 au Royaume Uni, avec une limite supérieure de 403.

Cette estimation a été réalisée par Alain-Jacques Valleron (Inserm U444, CHU Saint-Antoine) et des collaborateurs de l'Unité nationale de surveillance de la maladie de Creutzfeldt-Jakob à Edimbourg et de l'UFR de médecine de Grenoble. Ils publient leurs résultats aujourd'hui dans la revue scientifique Science.

L'estimation globale du nombre de cas vMCJ présente un intérêt épidémiologique et de santé publique évident mais elle reste difficile à évaluer avec précision.

Valleron et ses confrères rappellent dans leur article que des travaux de 1997 avaient suggéré un nombre de cas compris entre 75 et 80.000 et d'autres plus récents annonçaient 70 à 136.000 cas.

Le travail des chercheurs français permet de resserrer les bornes de cette estimation puisque leur modèle prévoit au Royaume Uni 205 au total (avec une limite supérieure de 403). Ils soulignent à ce sujet que 97 cas probables ou confirmés de vMCJ avaient été recensés au Royaume Uni en mai 2001.

Pour arriver à cette estimation, le groupe Valleron explique qu'il s'est principalement intéressé à une caractéristique bien particulière des cas identifiés : l'âge de la maladie. En effet, l'âge moyen des décès était de 28 ans. L'hypothèse retenue était que les jeunes étaient plus sensibles que les personnes plus âgées. En d'autres termes que "le risque de développer la maladie chez les sujets prédisposés et exposés décroît de façon exponentielle après 15 ans".

Un autre élément pris en compte était que toutes les infections avaient eu lieu entre 1980 et 1989, puisque les mesures gouvernementales prises à partir de cette date ont du réduire considérablement le risque. La dernière supposition était que la distribution de la période d'incubation suivait un modèle mathématique de référence pour les maladies infectieuses.

Ils ont ainsi pu estimer que la période d'incubation moyenne était de 16,7 ans (IC 95 % = 12,4-23,2 ans). "Ce modèle prédit que le pic de l'épidémie sera en 2000/2001 et que le nombre de cas annuels devrait diminuer progressivement après cette date", écrivent les chercheurs. "Selon notre modèle, le nombre total de cas de vMCJ attendus est bas à 205 cas (avec une limite supérieure à 403 cas).

Dans leur discussion, Valleron et ses confrères soulignent que leur estimation est "optimiste" comparée aux autres estimations déjà publiées, "et cette valeur basse est en faveur d'une large barrière d'espèce entre le bétail et les humains".

Source : Science 2001;294:1726-8.