Ethnicité, gonorrhée et infections à chlamydia
Les fréquences des gonorrhées et des infections à chlamydia sont environ trois fois plus importantes chez les noirs d’origine caraïbéenne que chez les noirs d’origine africaine, habitant au sud est de Londres, d'après les résultats d’une étude parue dans Sexually Transmitted Infections.
Afin d’examiner les différences sur la fréquence annuelle (basée sur la population) des épisodes à gonorrhées et à chlamydia chez des groupes ethniques de couleur noire, le Dr N. Low de l’Université de Bristol au Royaume Uni et ses collaborateurs ont examiné les cas de gonorrhée et d’infection à chlamydia enregistrés dans 11 services génito-urinaires du sud et du centre de Londres (Lambeth, Southwark et Lewisham Health Authority) entre 1994 et 1995.
Il y a eu 1996 épisodes de gonorrhée chez les hommes et les femmes et 1376 épisodes d’infection à chlamydia chez les femmes pour lesquelles on disposait de données complètes.
Pour les deux types d’infection, la fréquence des épisodes est nettement plus importante parmi les groupes ethniques noirs des caraïbes ou d’autres origines que pour les africains noirs.
Chez les hommes, la fréquence des gonorrhées parmi les caraïbéens noirs de 20-24 ans était de 2348 épisodes pour 100.000, comparé aux 931 chez les noirs africains et 111 chez les blancs du même âge.
Chez les femmes, la fréquence des gonorrhées était plus importante chez les noirs des caraïbes âgées de 15 à 19 ans. En contraste, pour les africaines noires du même âge, la fréquence des épisodes (331 pour 100.000) était similaire à celle des femmes blanches (222 pour 100.000).
En ce qui concerne les infections à chlamydia, la fréquence était également plus élevée chez les caraïbéennes noires de 15-19 ans (4579 pour 100.000), comparé aux 1286 épisodes pour 100.000 chez les africaines noires et aux 433 cas pour 100.000 chez les femmes blanches.
Si on tient compte de la privation matérielle et de l’âge, les différences observées au niveau des groupes ethniques sont légèrement atténuées.
Selon les auteurs, les chercheurs ont tendance à rassembler les gens uniquement selon la couleur de leur peau, ignorant ainsi les grandes différences culturelles et comportementales qui peuvent contribuer à la propagation de l’infection. Les auteurs signalent que les études scientifiques portant sur la race et l’ethnicité ont souvent été chargées de racisme et de stigmatisation. Mais refuser de reconnaître ces différences empêchent les efforts visant à prévenir la propagation de la maladie.
Dans un éditorial accompagnant l’article, paru dans le même numéro, J. Zenilman admet que les études doivent prendre garde à ne pas faire de discrimination ou à attribuer une susceptibilité biologique liée à la race, là ou il n’y a aucune preuve. Toutefois, écrivent-ils, ne pas s’occuper de ces questions d’une manière franche peut avoir de profondes conséquences en terme de santé publique.
Source : Sex Transm Infect. 2001 ; 77 : 15-20 et 2-3
Descripteur MESH : Gonorrhée , Maladie , Parasitologie , Andrologie , Gynécologie , Chlamydia , Infections à Chlamydia , Londres , Femmes , Groupes ethniques , Hommes , Couleur , Éditorial , Peau , Population , Racisme , Santé , Santé publique