Une femme médecin sur deux victimes de violences sexistes au travail
L'Ordre des médecins vient publier une enquête d'envergure, menée auprès de plus de 21 000 praticiens, qui révèle des chiffres qui font froid dans le dos : plus d'une femme médecin sur deux déclare avoir été victime de violences sexistes ou sexuelles au cours de sa carrière ou de ses études. Cette étude, décidée dans le sillage du mouvement #MeTooHôpital au printemps dernier, met en lumière une réalité longtemps passée sous silence.
Dans le détail, l'enquête révèle que 49% des femmes médecins ont subi des "outrages sexistes et sexuels", 18% du harcèlement sexuel, 9% des agressions sexuelles et 2% des viols. Ces chiffres dépassent largement le cadre des blagues potaches de carabins. Il s'agit bel et bien d'un problème systémique qui gangrène la profession.Plus inquiétant encore, seuls 3% des victimes déclarent que l'Ordre des médecins a été informé de ces violences. Un chiffre qui en dit long sur la culture du silence qui règne dans le milieu. La peur des représailles professionnelles et le manque de confiance dans les institutions semblent être les principaux freins aux signalements.
En chirurgie notamment, c'était TOUT LE TEMPS. Imaginez un bloc opératoire avec un vestiaire mixte de 3 m² et tous les internes qui débarquent quand tu es en sous-vêtements. Imaginez un interne d'ortho (marié et père de famille, au passage) qui débarque dans votre chambre 2/11
— Doc Intubator (@DIntubator) April 13, 2024
La docteure Glaviano-Ceccaldi explique que les sondés sont « très nombreux à souligner que les victimes ont du mal à se faire entendre ou que les victimes, quand elles parlent, font l’objet de discrimination dans la suite de leur carrière »
L'enquête souligne que les violences sexistes et sexuelles sont particulièrement répandues lors du parcours étudiant. Pas moins de 44% des femmes médecins évoquent des faits subis durant leurs études, contre 20% dans le milieu professionnel. Cette vulnérabilité des étudiants en médecine face à ce phénomène est particulièrement préoccupante.
"Il nous faut désormais nettoyer les écuries d'Augias" Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du CNOM
Face à ces révélations choc, le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, François Arnault, n'a pas mâché ses mots : "Les chiffres nous disent que les violences sexistes et sexuelles existent à grande échelle dans le monde médical... Nous les prenons en pleine face." Il a également reconnu que certaines affaires n'avaient pas été traitées correctement ces dernières années, marquant ainsi une autocritique importante de l'institution. « Nous avons largement sous-considéré l’ampleur des VSS dans le milieu médical comme dans l’ensemble de la société », plaide Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil National de l’Ordre des Médecins.
L'Ordre des médecins a annoncé une série de mesures pour tenter d'endiguer le phénomène. Parmi les pistes évoquées : le renforcement des moyens alloués aux comités départementaux, une sensibilisation accrue des praticiens et la mise en place d'une procédure de signalement simplifiée. L'Ordre prévoit également de reconduire cette enquête dans deux ans pour suivre l'évolution de la situation, montrant ainsi une volonté de suivi à long terme de la problématique.
Le président de l’Ordre des médecins, le Dr François Arnault, a affirmé poru Egora.fr la nécessité d’une action renforcée. "je suis mal à l'aise...Cette situation ne peut pas durer", a-t-il déclaré, en précisant que l’institution s’engage désormais à répondre systématiquement à chaque signalement. Afin d'assurer un contrôle strict, l’Ordre a triplé les effectifs dédiés aux services d’inscription et de transfert des dossiers. Ces changements visent à garantir une analyse minutieuse et à éviter tout manquement. La commission nationale des plaintes, un organe interne, a également été mobilisée pour veiller à ce qu’aucune plainte ne reste sans suite. « Aucun acte délictueux ne doit rester sans réponse de l’Ordre à partir du moment où il est courant », a-t-il affirmé .
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