Harcèlement sexuel des médecins par les patients : une réalité alarmante
Près de 45 % des médecins ont été victimes de harcèlement sexuel par leurs patients, selon une méta-analyse récente. Un phénomène souvent passé sous silence, qui touche particulièrement les femmes dans le secteur médical et appelle à une réponse urgente.
Une méta-analyse révèle l'ampleur du problème
Une récente méta-analyse publiée dans l'Internal Medicine Journal met en lumière un phénomène préoccupant et pourtant méconnu : le harcèlement sexuel dont sont victimes les médecins de la part de leurs patients[1]. Selon cette étude qui compile les données de 22 publications issues de 7 pays, pas moins de 45,13 % des 18 803 médecins interrogés, toutes spécialités confondues, ont été confrontés à des comportements déplacés à caractère sexuel au cours de leur carrière.
Les femmes médecins davantage exposées
Si 34,39 % des praticiens masculins rapportent avoir subi du harcèlement sexuel, ce chiffre grimpe à 52,19 % chez leurs consœurs. Des résultats qui font écho à ceux d'une enquête menée en 2017 par l'Intersyndicale Nationale des Internes auprès de près de 3 000 internes en médecine français, dont 8,6 % se disaient victimes de harcèlement, le plus souvent par des gestes non désirés [2].
Des comportements déplacés multiformes
Attention sexuelle non désirée, blagues grivoises, invitations insistantes, messages à connotation romantique... Les formes que revêt le harcèlement sont multiples[1][3]. Mais les études rapportent également des faits plus graves comme des attouchements inappropriés, des patients exhibant une érection lors d'examens ou formulant des commentaires déplacés sur leurs parties intimes[1][3]. Certains vont jusqu'à solliciter abusivement des examens corporels sans justification médicale[3].
Un phénomène qui ne doit plus être tu
Face à l'ampleur de ce fléau trop longtemps passé sous silence, il est urgent d'agir. Les chercheurs appellent les établissements de santé à mettre en place des mesures de prévention comme l'installation de vidéosurveillance, d'alarmes et de boutons d'urgence, en particulier pour les gardes de nuit et les services isolés[1][3].
Mais au-delà des dispositifs matériels, c'est un véritable changement de culture qui doit s'opérer. La parole doit se libérer afin que les victimes osent signaler les faits sans crainte d'être jugées ou que leur crédibilité professionnelle soit remise en cause. Car comme le souligne l'Ordre des Médecins, le harcèlement sexuel porte atteinte à la dignité et à l'honneur de notre profession[2]. Il est de notre devoir, individuellement et collectivement, de le combattre avec la plus grande fermeté.
« Le harcèlement sexuel porte atteinte à la dignité et à l'honneur de notre profession. Il est de notre devoir de le combattre. »
Références:
[1] https://doi.org/10.1111/imj.16513
[2] https://www.vidal.fr/actualites/22421-harcelement-sexuel-en-milieu-medical-l-ordre-fixe-3-principes-apres-une-enquete-aupres-de-2-946-internes.html
[3] https://www.lefigaro.fr/demain/sante/pres-de-la-moitie-des-medecins-sont-victimes-de-harcelement-sexuel-de-la-part-de-patients-20240910
[4] https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/30645_dicom_-_guide_contre_harce_lement_sexuel_val_v4_bd_ok-2.pdf
[5] https://www.europe1.fr/sante/sante-45-des-medecins-ont-ete-victimes-dharcelement-sexuel-de-la-part-des-patients-pendant-leur-carriere-4266845
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