Primo-prescription des IPA : la HAS appelle à la prudence et à une formation renforcée
La Haute Autorité de Santé (HAS) s'est prononcée sur le projet de décret autorisant les infirmiers en pratique avancée (IPA) à prescrire des médicaments sans consultation médicale préalable. L'institution insiste sur la nécessité d'une formation adéquate et d'une révision du code de déontologie pour sécuriser cette pratique.
Examen du contexte législatif et des enjeux de sécurité
La HAS souligne que le projet de décret découle des dispositions de la loi du 19 mai 2023, visant à améliorer l'accès aux soins en renforçant les prérogatives des professionnels de santé. En particulier, cette loi permet aux IPA d'accéder directement aux patients sans orientation préalable par un médecin et leur octroie la possibilité de prescrire certains médicaments soumis à prescription obligatoire.
Cependant, la HAS met en garde contre les risques associés à cette autonomie accrue des IPA. Elle insiste sur la nécessité de garantir une qualité et une sécurité optimales des soins, surtout dans le contexte de prescriptions médicamenteuses sans diagnostic médical préalable. La HAS considère qu'une telle pratique ne devrait être autorisée que de manière exceptionnelle et sous des conditions strictes de sécurisation.
Observations spécifiques sur la primo-prescription et les médicaments concernés
L'avis de la HAS est particulièrement prudent concernant la prescription initiale par les IPA, notamment pour les pathologies chroniques stabilisées. Selon l'institution, l'idée même de permettre une primo-prescription sans diagnostic médical préalable dans ce domaine est en contradiction avec la nature de ces pathologies.
En outre, la HAS recommande des restrictions rigoureuses pour les médicaments que les IPA seront autorisés à prescrire. Elle cite en exemple les anti-infectieux, dont la prescription sans diagnostic pourrait compromettre la qualité des soins. La HAS émet également des réserves sur les médicaments présentant un risque élevé d'effets indésirables graves ou de mésusage, tels que les antibiotiques, la codéine, ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Enfin, la HAS souligne l'importance de la formation des IPA à ces nouvelles compétences, ainsi que la nécessité d'actualiser le code de déontologie infirmier pour encadrer ces évolutions.
Conclusion
L'avis de la HAS sur ce projet de décret est clair : toute évolution des compétences des IPA, notamment en matière de prescription, doit être encadrée de manière à préserver la qualité et la sécurité des soins. Les recommandations de la HAS mettent en lumière les défis et les précautions à prendre pour garantir que ces nouvelles prérogatives se traduisent par une amélioration réelle de l'accès aux soins, sans compromis sur la santé des patients.
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