Covid-19 : la HAS ne recommande plus la vaccination en population générale
C’est un changement majeur que vient de signer la HAS dans sa stratégie de vaccination face au SARS-COV-2. Si elle recommande l’administration d’un rappel de vaccin à l’automne pour toutes les personnes avec facteurs de risque et une dose supplémentaire dès ce printemps pour les plus fragiles, elle ne recommande plus la primo-vaccination en population générale.
La HAS recommande ainsi de vacciner dès l’automne 2023 les personnes les plus à risque de forme grave de la maladie, notamment les personnes âgées de 65 ans et plus, les personnes immunodéprimées, les personnes atteintes de comorbidités à partir de 6 mois, les professionnels des secteurs sanitaire et médicosocial ainsi que les personnes vivant dans l’entourage ou en contact régulier avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables.
Pour des raisons de mobilisation et de logistique, la HAS préconise de coupler cette campagne de vaccination à celle de la grippe, et de considérer que la date de début de la campagne contre la Covid-19 soit déterminée par la date de début de la vaccination contre la grippe saisonnière.
Les personnes âgées de 80 ans et plus ainsi que les personnes immunodéprimées dont la protection immunitaire diminue plus rapidement dans le temps pourraient quant à elles bénéficier d’une dose de rappel supplémentaire dès le printemps.
La HAS recommande également l’administration des vaccins bivalents adaptés à Omicron, quel que soit le vaccin administré précédemment, ainsi qu’un délai d’au moins six mois depuis la dernière dose ou infection pour l’administration de la dose de rappel additionnelle.
En revanche, la HAS ne recommande plus la primovaccination contre la Covid-19 en population générale. « Nous pensons que presque toute la population qui n’est pas à risque de forme grave a déjà été en contact au moins une fois avec le virus, que ce soit par l’infection ou la vaccination… Actuellement ne circulent que les sous-variants de la famille Omicron, avec des conséquences sanitaires limitées ; par ailleurs, l’immunité cellulaire est ancrée pour longtemps. Donc tant qu’il y a une circulation à bas bruit d’un virus peu virulent, la stratégie vaccinale n’a pas à viser la population générale », précise Élisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations de la HAS pour lemonde.fr.
Toutefois, cette recommandation dépendra de l’évolution de la dynamique épidémique et virologique, notamment la diffusion du recombinant XBB.1.5, qui représente désormais 20 % des séquences étudiées.
La vaccination reste efficace
Pour la HAS, les dernières données disponibles confirment l’efficacité de la vaccination dans la protection contre les conséquences de la Covid-19. En effet, une étude menée en France par EPI-PHARE a montré que l’efficacité d’une dose de rappel par vaccin à ARNm monovalent sur le risque d’hospitalisation était de 82 % deux mois après la dernière injection, et de 52 % à plus de 9 mois de celle-ci, par rapport à l’absence de vaccination.
De plus, les données concernant la protection supplémentaire apportée par l’administration d’une dose de rappel avec un vaccin à ARNm bivalent sont également prises en compte par la Haute Autorité de Santé (HAS). Les études montrent ainsi que cette dose de rappel apporte une protection supplémentaire contre la survenue d’infections symptomatiques (de 21 à 56 %), les hospitalisations (de 31 à 84 %) et les décès (86 %) par rapport à l’absence de rappel.
Il ressort de cette étude que la protection conférée par ces doses de rappel diminue avec le temps, de façon particulièrement précoce contre les infections et chez les personnes de 80 ans et plus.
Enfin, bien que les données sur l’efficacité en vie réelle des vaccins à ARNm bivalents adaptés contre Omicron soient encore limitées, elles confirment néanmoins l’efficacité conférée par une dose de rappel chez des personnes préalablement vaccinées avec d’autres vaccins. La HAS continuera de surveiller attentivement l’évolution de la situation sanitaire et de recommander les mesures les plus appropriées pour protéger la population contre la Covid-19.
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— Claude-Alexandre GUSTAVE (@C_A_Gustave) February 24, 2023
Les nouvelles recos vaccinales CoVID de la HAS font ressortir un des paradoxes de la stratégie de banalisation.
D'un côté on banalise au maximum la circulation virale soutenue et continue, ainsi que la surmortalité massive qui se maintient en 2022... https://t.co/Opm66JyJsw
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