Cancer de la tête et du cou : traitement par thérapie génique en vue
Des chercheurs de l’Université de Caroline du Nord ont conçu un modèle tissulaire en culture mimant la croissance du tissu épithélial in vivo. Leurs résultats laissent entrevoir la perspective du traitement du cancer de la tête et du cou par thérapie génique. Cette étude est publiée dans Human Gene Therapy.
Des chercheurs de l’Université de Caroline de Nord ont mis au point un modèle de culture tissulaire mimant la croissance de cellules normales dans l’organisme. Ce modèle mime la structure tridimensionnelle de l’épithélium de la tête et du cou. Ceci permet une investigation plus réaliste d’une technique de transfert de gène utilisant un adenovirus pour infecter les cellules et délivrer la charge thérapeutique.
« Si vous mettez des cellules en culture, elle vont croître sous forme d’une monocouche cellulaire, ce qui n’est pas le cas in vivo », explique le Dr W. Yarbrough, un des auteurs de cette étude. « Elles peuvent ainsi être infectées très facilement par des adenovirus. Si vous laissez ces cellules s’empiler les unes sur les autres, comme elles le feraient dans l’organisme, il devient alors très difficile de les infecter », poursuit-il.
On connaît maintenant la raison de cela. Ceci est en fait lié à l’expression d’un gène codant pour un récepteur spécifique, appelé hCAR, des adénovirus et du virus Coxsackie, permettant leur entrée dans la cellule.
Ce que l’étude montre est la corrélation entre la capacité des cellules à être infectée par l’adenovirus et l’expression de hCAR. Les chercheurs ont également trouvé qu’il était plus difficile d’infecter des cellules épithéliales de l’oropharynx normales que des cellules tumorales de l’oropharynx. L’étude montre qu’en se différenciant, les cellules normales n’expriment plus le récepteur hCAR. Seules, les cellules basales, c’est à dire celles qui se divisent encore expriment ce récepteur.
Ainsi, selon les auteurs, ces données suggèrent que dans un épithélium normal, les cellules supérieures agissent comme une barrière empêchant l’infection des cellules sous-jacentes. Cette situation contraste avec ce qui est observé pour les cellules tumorales. En effet, ces dernières expriment toujours le récepteur hCAR, même lorsqu’elles croissent en multicouches et donc peuvent permettre l’infection des cellules sous-jacentes.
Selon les auteurs, le fait que les cellules tumorales puissent être facilement infectées, contrairement aux cellules normales, offre une opportunité dans l’utilisation de la thérapie génique pour traiter spécifiquement les tissus cancéreux sans toucher aux tissus normaux.
Ces résultats pourront aussi avoir des implications dans le traitement des dysplasies cellulaires graves, un état précancéreux caractérisé par des anomalies cellulaires. Ces cellules sont indifférenciées, et comme les cellules cancéreuses, expriment le récepteur hCAR.
Aussi, théoriquement, chez les individus présentant un risque élevé de cancer, la thérapie génique par adénovirus pourra permettre d’infecter les sites précancéreux sans toucher aux sites normaux bien différenciés. Ce modèle cellulaire qui réplique au mieux ce qui se passe in vivo pourra permettre de tester des agents par thérapie génique.
Source : University of North Carolina School of Medicine
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