De 35 % à 52 % de pertes financières pour les jeunes médecins généralistes libéraux durant le confinement
Malgré leurs efforts de réorganisation des soins ambulatoires pour faire face à la crise sanitaire du COVID-19, les jeunes médecins généralistes ont été durement touchés financièrement durant les mois de mars et avril 2020. Selon un sondage* du syndicat ReAGJIR rendu public le 19 mai, ils auraient subi en moyenne des pertes de chiffre d’affaires comprises entre 35 % et 52 %.
92,4 % des médecins libéraux impactés financièrement
Au mois de mars la perte de chiffres d’affaires est en moyenne de -40 % et de -52 % en avril pour 92,4 % des répondants qu’ils soient remplaçants ou installés. Les remplaçants ont subi une perte de -41,4 % en mars et -53,7 % en avril. Pour les médecins installés, la perte moyenne est -35,6 % en mars et -45,6 % en avril.
« Ces chiffres révèlent l’impact concret de cette crise sur les revenus des médecins libéraux. Ils sont tous concernés et cela est sans doute en partie lié au fort renoncement aux soins constaté pendant le confinement. », commente Laure Dominjon, la présidente du syndicat.
Les remplaçants précarisés
68,3 % des médecins remplaçants ont déclaré avoir subi l’annulation d’au moins un remplacement de prévu au mois de mars ou avril et ce en dépit du contrat qu’ils avaient déjà signé pour plus de la moitié d’entre eux (56,6 %).
« Ces chiffres inquiétants sont révélateurs de la précarité du statut de remplaçant et du peu de considération qu’on lui porte. », déplore Laure Dominjon. « Et plusieurs font part en commentaires de leur inquiétude de voir ces annulations se poursuivre encore pendant plusieurs mois. »
Des aides peu sollicitées
52,4 % des répondants ont subi des pertes de chiffres d’affaires de plus de 50 %. Ils avaient droit à ce titre aux dispositifs d’aide prévus dans le cadre du Fonds de Solidarité. Pourtant ils sont très peu nombreux selon le syndicat à avoir sollicité cette aide soit par ignorance, soit par qu’ils pensaient ne pas être éligibles. Le fonds d’action sociale de la CARMF et le report de cotisations ont également été ignorés par 60 % des médecins qui pouvait légitiment y prétendre.
Sur l’ensemble des répondants, seulement 31 personnes ont sollicité leur prévoyance et ils sont 147 à avoir indiqué ne pas avoir de prévoyance du tout, soit 10,4 % des répondants. Et donnée peu réjouissante, 31 % des répondants jugent leur avenir incertain, voire inquiétant.
« Nous voyons bien, à la lumière de ces chiffres, qu’il y a une forte méconnaissance des aides disponibles, que ce soit pour les remplaçants ou les installés. Et le problème va plus loin : si le 29 avril, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) a arrêté son calcul des aides à destination “des professionnels de santé libéraux conventionnés en perte d’activité”, cette aide est inadaptée aux jeunes installés (le calcul est clairement à leur désavantage) et elle exclut en plus totalement les remplaçants. Ces aides sont le reflet d’un système inégalitaire où il vaut mieux être médecin installé de longue date que jeune installé ou remplaçant. Il y a peut-être différents niveaux de médecins ? », s’étonne Laure Dominjon. « Autre problème appuyé par ce sondage : trop de remplaçants n’ont pas de prévoyance, ce qui est dangereux pour eux compte tenu de leur précarité. »
ReAGJIR regrette que les remplaçants soient encore et toujours les grands oubliés de la crise. « Bien qu’indispensables à la permanence des soins et au bon fonctionnement de notre système de santé, ils restent exclus de la majorité des aides. Avec une faible protection sociale, des revenus irréguliers, peu ou pas de trésorerie d’avance, leur situation est déjà compliquée. Si on ajoute à cela les annulations de contrats, la perte conséquente de revenus et la méconnaissance ou l’inéligibilité à la majorité des aides, il leur reste peu de recours. Nous leur recommandons de se tourner vers tous les leviers possibles selon leur statut : Fonds de Solidarité, URSSAF, CARMF, CNOM, banque, assurance… Nous souhaitions réaliser ce sondage pour avancer, à la lecture de ces chiffres, ensemble sur une meilleure indemnisation de la perte d’activité, adaptée à tous les médecins libéraux. », conclut Laure Dominjon.
*Le sondage a été réalisé entre le 24 avril et le 9 mai. 1 375 réponses ont pu être exploitées.
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