Papillomavirus humains (HPV) : la HAS recommande l’extension de la vaccination aux garçons
Dans le cadre de la stratégie de prévention des cancers liés au papillomavirus humain (HPV) chez les garçons, la ministre de la Santé a demandé à la Haute Autorité de santé (HAS) d’évaluer la place des vaccins et de faire des recommandations. Au terme de son évaluation, la HAS propose l’extension de la vaccination contre les papillomavirus chez les garçons dans le calendrier vaccinal français.
La HAS recommande :
1. L’élargissement de la vaccination anti-HPV par GARDASIL 9® (9HPV) pour tous les garçons de 11 à 14 ans révolus selon un schéma à 2 doses (M0, M6).
2. Un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans révolus selon un schéma à 3 doses (M0, M2, M6).
3. Le maintien d’une recommandation vaccinale spécifique par GARDASIL 9® (9HPV) pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans révolus selon un schéma à 3 doses (M0, M2, M6).
La vaccination contre les papillomavirus humains est actuellement recommandée chez les jeunes filles de 11 à 14 ans révolus, les immunodéprimés des deux sexes et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans.
Du 30 octobre au 27 novembre 2019, la HAS a soumis à consultation publique son projet d’avis sur le sujet, élaboré par sa commission technique des vaccinations (CTV). Elle a recueilli 120 contributions de la part d’associations de patients et d’usagers, de collèges nationaux de professionnels ou de fabricants.
Les principaux éléments de réflexion pris en considération par la HAS :
• La couverture vaccinale contre les HPV qui reste insuffisante (• 1750 nouveaux cas de cancers HPV-induits chaque année en France chez l’homme avec un risque d’infection particulièrement élevé chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
• 4580 nouveaux cas de cancers HPV-induits chez la femme par an en France
• le vaccin GARDASIL 9® (9HPV) a démontré son efficacité sur les lésions précancéreuses et cancéreuses liées aux HPV et dans la prévention des condylomes génitaux jusqu’à 26 ans.
• Le profil de sécurité des vaccins chez l’homme est similaire à celui observé chez la femme, et de nombreuses études étayent désormais l’absence de lien entre la vaccination et la survenue de maladies auto-immunes.
• Les pays qui ont obtenu une couverture vaccinale élevée constatent aujourd’hui les bénéfices de la vaccination tant chez les filles vaccinées que chez les garçons non vaccinés et indirectement protégés même si le recul reste insuffisant pour évaluer l’impact de cette vaccination sur les cancers du col de l’utérus et ano-génitaux HPV-induits.
• Une dynamique en faveur de l’élargissement de la vaccination contre les HPV chez les garçons est observée en Europe, la couverture vaccinale des garçons est toutefois restée inférieure à celle des filles.
La HAS estime que cet élargissement de la vaccination anti-HPV aux garçons, au-delà de la protection conférée aux garçons vaccinés, permettrait aussi, sous réserve d’une couverture vaccinale suffisante, de freiner la transmission des papillomavirus au sein de la population générale, de mieux protéger les filles et femmes non vaccinées, et enfin de mieux protéger les garçons et hommes quelle que soit leur orientation sexuelle. La vaccination universelle permettrait également d’atteindre plus facilement les HSH en évitant toute stigmatisation, à un âge où leur préférence sexuelle n’est soit pas connue (par l’individu et son entourage), soit pas affirmée.
La HAS milite pour une politique vaccinale engagée
La HAS estime toutefois que les bénéfices de l’élargissement de la vaccination à tous les adolescents seront limités sans une politique vaccinale plus engagée au niveau national et une proposition vaccinale plus systématique de la part des professionnels de santé, que ce soit dans le cadre de programmes de vaccination ou d’une consultation de santé sexuelle pour chaque adolescent.
Elle recommande également la mise en œuvre d’actions ayant pour objectif de restaurer la confiance vis-à-vis de la vaccination contre les papillomavirus auprès du public et des professionnels de santé.
Elle recommande enfin de faciliter l’accès à la vaccination et de lutter contre les inégalités socio-économiques, en permettant une prise en charge intégrale du vaccin par l’assurance maladie et en travaillant sur les freins à la vaccination en milieu scolaire.
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