Prélèvement du rein sur donneur vivant : coelioscopie versus chirurgie « à ciel ouvert »

Cette évaluation montre que si le prélèvement rénal cœlioscopique chez le donneur vivant apparaît comme une alternative viable par rapport au prélèvement « à ciel ouvert », des études ultérieures sont nécessaires afin de renforcer les preuves de sécurité et d'efficacité de cette technique et d'en déterminer les conséquences économiques. Compte tenu de l'expérience accumulée avec le prélèvement « à ciel ouvert », cette technique reste le standard de référence.

Les besoins de la population française en matière de greffe rénale continuent d'augmenter : 3,8 % en 2002 avec 2 637 nouveaux inscrits en attente d'une greffe de rein contre 2 541 en 2001. Sur les 7 784 candidats à la greffe rénale en 2002, 67 % sont en attente d'un transplant. Or les transplants disponibles ne peuvent satisfaire que

29 % des besoins.

Le prélèvement rénal cœlioscopique pour greffe à partir d'un donneur vivant est une alternative récente (premier cas décrit en 1995) au prélèvement chirurgical (approche standard actuelle). Cette technique moins invasive pour le donneur, a pour objectif de réduire les inconvénients observés lors d'un prélèvement chirurgical « à ciel ouvert ».

Cette évaluation fondée sur une analyse critique de la littérature clinique et économique et des avis d'experts met en exergue les points suivants :

  • L'absence d'étude comparative correctement menée empêche une comparaison précise entre les deux procédures.
  • En terme de sécurité pour les donneurs, il n'apparaît pas, dans les études cliniques analysées, de différence significative entre la procédure cœlioscopique et la procédure ouverte. Cependant, une enquête multicentrique américaine* nuance ces résultats et rapporte une différence significative entre les deux techniques en faveur de la procédure ouverte.
  • En terme d'efficacité, le prélèvement cœlioscopique semble une intervention plus longue, avec un temps d'ischémie chaude plus long. La convalescence postopératoire chez le donneur semble de meilleure qualité après la procédure cœlioscopique, ce qui peut la rendre plus attractive vis-à-vis des donneurs potentiels. Par ailleurs, il n'a pas été montré de différence significative entre les deux techniques concernant la fonction du transplant et sa survie à court terme. En ce qui concerne les complications et la survie à long terme du transplant, des études poussées et un suivi plus long sont nécessaires afin d'obtenir des résultats significatifs.

Le groupe de travail préconise donc :

  • La constitution d'équipes rassemblant des cœliscopistes formés et des chirurgiens transplanteurs afin d'optimiser les résultats.
  • Le développement d'une information auprès du donneur sur la sécurité et l'efficacité des différentes techniques.
  • La mise en œuvre d'essais contrôlés de haute qualité afin de renforcer les preuves de sécurité et d'efficacité du prélèvement cœlioscopique, et d'en évaluer les bénéfices pour les donneurs et les receveurs, ainsi que la mise en place d'études médico-économiques permettant de mesurer les co ûts directs et indirects de cette intervention.

* Matas AJ, Bartlett ST, Leichtmann AB, Delmonico FL. Morbidity and mortality after living kidney donation, 1999-2001 : Survey of United States transplant centers. Am J Transplant 2003;3(7):830-4

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Descripteur MESH : Donneur vivant , Rein , Sécurité , Survie , Convalescence , Essais , Étude comparative , Ischémie , Ischémie chaude , Littérature , Population , Temps , Transplants , Travail

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