Les inhibiteurs calciques paraissent aussi efficaces que les diurétiques et les béta-bloquants dans la réduction du risque cardiovasculaire
Deux études publiées dans le Lancet suggèrent que les inhibiteurs calciques ont une efficacité comparable à celle des diurétiques dans la prise en charge de l'HTA. Ces deux classes de médicaments réduiraient de façon similaire les complications cardiovasculaires et cérébrovasculaires. Néanmoins, il se pourrait qu'une analyse globale des différentes études sur le sujet permette de mettre à jour certaines différences.
Dans une première étude, le Dr L. Hyansson (Université d'Uppsala, Suède) et les membres de l'étude NORDIL ont évalué la capacité du diltiazem (inhibiteur calcique) à réduire la morbidité et la mortalité cardiovasculaire chez des sujets hypertendus.
Cet essai ouvert et randomisé comprenait 10.881 patients norvégiens et suédois, âgés de 50 à 74 ans, dont la tension artérielle diastolique était au moins égale à 100 mm Hg.
Ces patients ont reçu soit du diltiazem (180-360 mg/j) soit des diurétiques, des β-bloquants, ou les deux. La durée moyenne du suivi était de 4,5 ans et les auteurs ont déterminé la fréquence des AVC, des IDM et des autres décès de cause cardiovasculaire.
Ces deux traitements ont permis d'abaisser la tension artérielle de manière comparable. Cette réduction était en moyenne égale à - 20,3 / - 18,7 (systolique/diastolique) mm Hg dans le groupe diltiazem et – 23,3 / -18,7 dans le groupe diurétiques et β-bloquants.
L'incidence combinée des AVC, IDM et autres décès d'origine cardiovasculaire était similaire dans les deux groupes (légèrement supérieure à 16 évènements par patient.années). L'analyse détaillée ne montre pas de différence réellement significative entre les deux groupes pour la survenue des AVC et IDM fatals ou non.
Dans leur conclusion, les auteurs indiquent que "le diltiazem est aussi efficace que les traitements basés sur les diurétiques, β-bloquants, ou les deux dans la prévention des AVC, IDM, et autre décès d'origine cardiovasculaire".
D'autres travaux publiés dans ce même numéro du Lancet (29 juillet 2000) semblent confirmer les résultats de Hyansson et al.
L'essai INSIGHT (Intervention as a Goal in Hypertension Treatment) conduit par le Dr M. Brown (Addenbrooke's Hospital, Cambridge, UK) et plusieurs collaborateurs visait à comparer la nifédipine (inhibiteur calcique) à la combinaison hydrochlorothiazide + amiloride chez des patients hypertendus avec un autre risque de maladie cardiovasculaire.
Plus de 6.300 sujets (55-80 ans) européens ou israéliens ont participé à cette étude. Leur tension artérielle était supérieure à 150/95 mm Hg ou supérieure à 160 mm Hg (systolique). Dans cet essai randomisé en double aveugle, les patients ont reçu soit 30 mg de nifédipine/j soit 25 mg d'hydrochlorothiazide + 2,5 mg d'amiloride/j (groupe co-amilozide). La durée du suivi était d'environ 3 ans .
Le pourcentage de décès par maladie cardiovasculaire, d'IDM, d'AVC, d'insuffisance cardiaque était de 6,3 % dans le groupe nifédipine et de 5,8 % dans le groupe co-amilozide : cette différence n'était pas statistiquement significative.
La diminution de la tension artérielle était identique dans les deux groupes et était passée en moyenne de 173/99 mm Hg à 138/82 mm Hg. L'arrêt du traitement était plus fréquent dans le groupe nifédipine (+ 8%) en raison d'œdèmes périphériques mais les effets secondaires majeurs étaient plus fréquents dans le groupe co-amilozide.
Les auteurs estiment que ces deux traitements ont permis de réduire de 50 % les complications cardiovasculaires et cérébrovasculaires. L'efficacité de la nifédipine et des diurétiques utilisés semble donc identique.
Les médecins de l'essai INSIGHT en concluent que "le choix du médicament peut être décidé en fonction de la tolérance et de la réponse de la tension artérielle plutôt que d'après l'efficacité à long terme ou les effets indésirables".
Cependant, ces études ne présenteraient pas un effectif suffisant pour statuer de façon définitive sur des différences éventuelles entre ces traitements, selon le Dr S. MacMahon de l'Université de Sydney. Dans le commentaire de ces deux publications, il souligne qu'une méta-analyse portant sur 35 études est en cours et qu'elle devrait englober plus de 20.000 accidents cardiovasculaires.
Source : Lancet 2000;356:366-72, 359-65,352-353
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