Une étude sur le risque de décès par embolie pulmonaire et l'usage de contraceptifs oraux
Les contraceptifs oraux semblent associés à un risque d'embolie pulmonaire plus élevé que de précédentes études ne le laissaient suggérer, selon une étude publiée dans le Lancet. Ce travail confirme toutefois que les décès par embolie pulmonaire sont rares chez les femmes sous contraceptif oral mais les auteurs soulignent que le risque absolu n'est pas infinitésimal.
Le Dr Skegg (Université d'Otago, Nouvelle-Zélande) et ses collègues rappellent que la plupart des études sur le risque thromboembolique et les contraceptifs oraux ne concernaient que des accidents non mortels.
"Nous avons étudié les cas d'embolie pulmonaire fatale chez toutes les femmes néo-zélandaises âgées de 15 à 49 ans et décédées entre janvier 1990 et août 1998", précisent les auteurs.
Au total, 43 femmes ont été identifiées et 29 ont été retenues pour l'étude. Chaque cas a été comparé à 4 cas contrôles de même sexe et même âge. Les informations médicales notamment sur l'utilisation de contraceptifs ont été recueillies pour tous les sujets (cas et contrôles). Les femmes ménopausées ou avec des antécédents de thrombose veineuse profonde ont été exclues de l'analyse.
Les sujets étaient considérés sous contraceptif oral si un contraceptif avait été prescrit dans les 3 derniers mois avant l'accident : 65 % des cas étudiés et 23 % des contrôles étaient sous contraceptif oral.
Cette publication indique que le risque d'embolie pulmonaire était 9,6 fois plus élevé chez les femmes sous contraceptif oral, après ajustement en fonction de l'âge et du poids.
La moyenne d'âge des femmes décédées qui prenaient un contraceptif oral était de 29 ans. "Les contraceptifs oraux de troisième génération, contenant du desogestrel (7 décès) ou du gestodene (5), étaient les plus utilisés parmi les cas étudiés", notent le Dr Skegg et ses collègues.
Sur la base des données fournies par le Ministère de la Santé de Nouvelle Zélande, le risque absolu de décès par embolie pulmonaire chez les femmes sous contraceptif combiné serait de 10.5 pour 1 million de femmes-années.
"Le taux de décès était plus élevé que prévu. En effet, l'incidence annuelle des accidents thromboemboliques chez les utilisatrices de contraceptifs oraux avait été estimée à 1 ou 2 pour 10.000, avec un taux de décès de 1-2%", souligne le Dr Skegg. Il ajoute que la forte mortalité relevée en Nouvelle-Zélande pourrait refléter en partie l'usage très répandu des contraceptifs oraux de 3° génération qui semblent porter un risque thromboembolique plus élevé que les contraceptifs antérieurs.
Les résultats de cette étude sont repris et discutés dans un commentaire de Neil Poulter (Imperial College School of Medicine, Londres). Celui-ci souligne que ces données confirment des recommandations pragmatiques selon lesquelles les pilules de 2° générations (contenant du levonorgestrel) sont les contraceptifs oraux de premier choix.
Source : Lancet 2000;355:2133-34,2088
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