Troubles cognitifs chez les gens âgés : l'environnement relationnel est déterminant
Le risque de démence pourrait être augmenté de 60 % chez les gens âgés dont les relations sociales sont peu développées. Une étude parue dans le Lancet montre qu'un environnement relationnel riche en contacts avec la famille et des amis limite ce risque
Une équipe de chercheurs suédois menée par Laura Fratiglioni (Stockholm Gerontology Research Center) a suivi pendant 3 ans 1203 personnes, âgées de 75 ans et plus, qui ne présentaient pas de trouble cognitif au début de l'étude. Des infirmimières qualifiées ont recueilli des informations sur l'environnement relationnel des personnes lors d'entretiens avec ces personnes.
Les cas de démence ont été diagnostiqués selon des critères prédéfinis par le "Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders". Les autres facteurs pris en compte était, l'âge, le sexe, le niveau d'instruction, les symptômes dépressifs, les maladies vasculaires et l'état cognitif et physique des individus.
Après trois ans de suivi en moyenne, 176 cas de démence ont été diagnostiqués. Les personnes vivant seules ou n'ayant aucun lien social présentaient un risque relatif de démence de 1,5. Comparés avec les personnes vivant en couple, le risque relatif de démence pour les personnes seules était presque multiplié par 2.
Par ailleurs, une fréquence réduite des contacts (avec la famille, des amis, ou autres) n'est pas associée à une augmentation du risque si ces contacts sont jugés satisfaisants par la personne.
Les auteurs notent que l'intégration des différents facteurs montre que le risque de démence est augmenté de 60 % chez les personnes dont le réseau social est limité ou absent. De plus, il apparaît que le risque est d'autant plus réduit que les contacts sont fréquents et appréciés.
Le Dr Fratiglioni et ses collaborateurs suggèrent donc qu'un réseau social dense pourrait réduire l'incidence de la démence chez les gens âgés. La confirmation de ce résultat et la compréhension des mécanismes biologiques sous-jacents sont primordiales en terme de prévention et de santé publique.
Le Dr L. Berkman (Harvard School of Public Health) note dans un commentaire qui accompage l'article que le tissu social qui entoure ces personnes existe généralement depuis de longues années. L'effet 'cumulatif' de ces relations est surement à la base d'une diminution du risque par la suite. Pour cette raison, il n'est pas certain que le développement de ce réseau social en fin de vie constitue un moyen de prévention efficace. Toutefois, il paraît aujourd'hui évident que l'environnement relationnel joue un rôle déterminant sur la santé de ce segment de la population.
Source : Lancet 2000;355:1315-19, 1291-92
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