Darfour : une urgence humanitaire et médicale

Une étude publiée cette semaine dans le JAMA dresse un bilan très inquiétant de la santé de populations du Darfour au Soudan. On dénombre un taux très élevé de décès par violence ou maladie.

Selon les informations rappelées dans cet article, "plus de 1,5 millions de personnes (25% de la population de la région) sont désormais dispersées dans 127 campements au Darfour et 15 au Tchad voisin". "Médecins Sans Frontières (MSF) a commencé à travailler dans l'ouest du Darfour en décembre 2003 et les opérations dans le sud Darfour, dont les centres alimentaires et les centres de premiers soins, ont ouvert en mai 2004 et sont centrés sur trois sites".

Francesco Grandesso et des collaborateurs de MSF ont analysé les données recueillies autour d'étude menées durant l'été 2004 sur ces trois sites. Les résultats portent sur 137000 personnes déplacées.

"Les taux de mortalité sur les trois sites étaient considérablement plus élevés que 1 pour 10000 par jour qui est reconnu au niveau international comme une situation d'urgence et ces taux de mortalité étaient 4 à 6 fois ceux attendus dans les populations sub-saharienne. A Kass et Kalma, le taux de mortalité des moins de 5 ans dépassait 2 pour 10000 par jour. Les diarrhées étaient responsables de nombreux décès chez les moins de cinq ans et les plus de 50 ans. La violence était une cause fréquente de décès puisqu'elle représentait 72 % des raisons de décès au centre de Muhajiria.

Les auteurs soulignent aussi un état de malnutrition aiguë. Au centre de Kalma, près d'un enfant sur cinq souffre de malnutrition aggravée chez les moins de cinq ans. Par ailleurs, la couverture vaccinale contre la rougeole varie de 46 à 70 %. Autre point important, malgré un accès à de la nourriture, de nombreuses familles n'ont toujours pas d'eau potable à disposition.

"Des efforts complémentaires de la part des acteurs humanitaires et gouvernementaux sont immédiatement nécessaires afin de garantir un mode de vie acceptable à ces populations", conluent les auteurs.

Source : JAMA. 2005; 293: 1490 – 1494