Le parasite du paludisme est plus varié qu’on ne le pensait

Deux articles publiés aujourd’hui dans la revue scientifique Nature soulignent la diversité génétique de Plasmodium falciparum, le parasite responsable du paludisme. Ils montrent aussi que la résistance à un antipaludéen, la chloroquine, se répand à une vitesse élevée.

Ces travaux ont été réalisés sous la direction de Xin-zhuan Su de l’Institut national de la santé à Bethesda dans le Maryland. Les conclusions de Su et ses confrères indiquent non seulement que P. falciparum est plus « ancien » qu’on ne le pensait mais aussi que les formes de résistance à la chloroquine se répandent rapidement.

Globalement, ces résultats posent de sérieuses questions sur la mise au point d’un vaccin en raison de la diversité génétique du parasite. La lutte pharmacologique n’est pas en reste puisque le parasite serait théoriquement capable de développer des résistances à plusieurs médicaments de façon rapide.

« Comprendre la variation génétique du parasite du paludisme, Plasmodium falciparum, est d’une importance majeure en santé publique, particulièrement lorsqu’on envisage des programmes de vaccination à grande échelle », écrit Andrew Clark (Cornell University) dans un commentaire des travaux du groupe de Su.

Dans une approche de lutte vaccinale, le principal écueil serait un vaccin qui ne protégerait que d’une partie de la population de P. falciparum, ce qui conduirait à une sélection de parasites plus virulents.

Dans le premier article, Mu et al. ont reséquencé 204 gènes du parasite sur le chromosome 3. Cinq isolats de P. falciparum ont été étudiés : Amérique centrale, Amérique du sud, Papouasie Nouvelle Guinée, Afrique et Asie du sud-est.

Les chercheurs ont pu montrer que les variations de séquences étaient relativement fréquentes et que l’on pouvait estimer que l’ancêtre commun le plus proche remontait à 100.000-180.000 ans. Cette période correspond approximativement à l’expansion des populations humaines, ajoutent les scientifiques. La population de P. falciparum serait donc assez ancienne et suffisamment diverse sur le plan génétique pour « être capable de s’évader de l’immunité de l’hôte et des autres efforts contre le paludisme », concluent les chercheurs.

L’autre article, signé Wootton et al., s’est intéressé à la présence d’un gène associé à la résistance à la chloroquine, médicament utilisé dans la lutte antipaludique mais confronté à de nombreux cas de résistance. Les résultats semblent indiquer qu’il y a eu au moins quatre évènements indépendants de résistance à la chloroquine : « Un en Asie qui s’est répandu en Afrique, un en Papouasie Nouvelle Guinée et deux en Amérique du Sud », écrivent les chercheurs. Par ailleurs, ces résistances sont apparues rapidement et « elles semblent s’être disséminées à travers les continents à une vitesse effrayante, ce qui implique qu’il y aurait peu de temps pour contenir la propagation de nouveaux gènes de résistance », estime Andrew Clark dans son commentaire.

Source : Nature 2002 ;418 :283-5, 320-3, 323-6.

SR

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