Thérapies hormonales substitutives à base d’estrogènes : le risque de cancer ovarien est augmenté
Le JAMA publie aujourd’hui une large étude qui remet en cause le caractère inoffensif des thérapies hormonales substitutives (THS) à base d’estrogènes seuls. Après l’essai WHI publié le 9 juillet dernier dans ce même journal sur les risques de la THS à base d’estrogènes+progestatifs (voir dépêche Caducee), l'étude de James Lacey (National cancer Institute Bethesda, EU) et al, basée sur une cohorte établie à partir du Breast Cancer Detection Demonstration Project, affirme que la THS à base d’estrogènes seuls augmente (sur 10 ans et plus) le risque de cancer ovarien de 60% par rapport aux femmes n’ayant jamais bénéficié de THS.
Au total 44241 femmes ménopausées ont été incluses dans cette étude qui avait pour principale mesure l’incidence de cancers ovariens.
Les auteurs ont dénombré, entre 1979 et 1998, 329 cas de cancers de l’ovaire. Parmi les femmes bénéficiant d’une THS à base d’estrogènes seuls (THSE), le risque relatif de cancer ovarien a été de 1,6 (IC95%=1,2-2,0).
La durée de la prise d’une THSE a été corrélée à l’augmentation de ce risque: RR de 1,8 et de 3,8 pour des durées respectives de 10 à 19 ans et de plus de 20 ans (ICs95%=1,1-3,0 et 1,7-5,7 respectivement, P<0,001).
Il n’a pas été trouvé de risque associée à une THS à base d’estrogènes et de progestatifs (THSEP), quelque soit la durée de la thérapie. Cependant, les auteurs admettent que les données concernant cette forme de thérapie sont peu nombreuses et qu’il serait nécessaire de réaliser des études plus poussées.
Dans un éditorial, Kenneth Noller (Tufts University and New England Medical Center, Boston, EU), note que l’attitude face à la THSE («qui à court terme est la solution parfaite pour la femme ménopausée car elle prévient les maladies coronariennes et la survenue de la maladie d’Alzheimer») doit changer avec cette étude et qu’elle «n’est plus forcément la panacée aujourd’hui».
En conclusion, Lacey prévient sur l’augmentation importante du risque de cancer ovarien chez les femmes bénéficiant d’une THSE depuis plus de dix ans. Il s’intéresse maintenant à l’impact à long terme de la THSEP sur l’incidence de ce type de cancer.
Source: JAMA17 juillet 2002;288:334-41
PI
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