VIH : le virus s’associe aussi aux érythrocytes
Un nouvel élément de l’infection par le VIH-1 vient d’être mis à jour. Des chercheurs ont en effet montré qu’il existe des ‘pools’ de virus associés aux globules rouges. Ces pools de VIH-1 peuvent être détectés même chez les patients où l’ARN viral n’est plus détectable dans le plasma.
« Nous rapportons qu’un pool significatif de VIH-1 est associé aux érythrocytes et les modèles de dynamiques virales dans l’infection par le VIH pourraient avoir besoin d’êtres ajustés au vu de ce pool viral jusqu’ici non identifié », écrivent Christoph Hess (Hôpital Universitaire de Bâle, Suisse) et ses collaborateurs dans un article qui est publié dans le Lancet daté du 29 juin.
Ces auteurs expliquent que les traitements antirétroviraux actuels permettent de réduire de façon drastique la concentration en ARN viral dans le plasma des patients infectés par le VIH. Toutefois, on sait que malgré cette suppression, le virus persiste dans des réservoirs « à la fois cellulaires et anatomiques (cerveau, poumon, rein) » qui « contribuent à l’infection par le VIH-1 ».
Le paramètre principal pour juger de l’efficacité d’un traitement anti-VIH est le suivi de la charge virale évaluée par la quantification des ARN du virus dans le plasma. Les traitements peuvent permettre de diminuer la quantité de ces ARN au-dessous de la limite de détection des tests disponibles. Cependant, cet état ne signifie pas que la réplication virale soit totalement réprimée, au contraire.
Les résultats de Hess et ses collaborateurs laissent entrevoir la possibilité de suivre le degré de réplication virale lorsqu’on est au-dessous des seuils de détection des ARN du VIH dans le plasma.
Ces auteurs ont étudié un groupe de 82 patients infectés par le VIH-1 depuis un peu plus de huit ans en moyenne.
Les chercheurs ont montré que chez 80 patients (98 %), on retrouvait de l’ARN du VIH-1 associé aux érythrocytes.
Pour 23 patients, la charge virale plasmatique avait été indétectable, c’est à dire inférieure à 20 copies/ml. « Dans ce sous-groupe, de l’ARN du VIH-1 associé aux érythrocytes a été détecté avec un nombre de copies allant de 20 à 82.878 par ml de sang total, avec une valeur médiane de 566 copies.
Il est encore trop tôt pour juger de la signification de cette association du VIH-1 aux érythrocytes. Néanmoins, les travaux de l’équipe de Hess ont démontré que ce pool particulier de VIH-1 était infectieux.
Ces résultats paraissent importants pour deux raisons. La première est qu’ils lèvent le voile sur un élément jusqu’ici inconnu de l’infection par le VIH et la signification de cette association dans la course naturelle de l’infection reste à définir.
Par ailleurs, la quantification des ARN viraux associés aux érythrocytes permet, a priori, d’aller au-delà de la limite de détection des ARN du virus dans le plasma des patients. Cela pourrait constituer un nouvel outil pour évaluer la réplication virale chez les patients avec une charge virale plasmatique indétectable.
Bien entendu, les observations du groupe de Hess demandent à être répliquées et validées. Cette association a été démontrée à partir d’un fractionnement du sang total, « et n’est pas équivalente à la démonstration d’une interaction moléculaire directe du virus avec ces cellules », concèdent les auteurs.
Source : Lancet 2002 ;359 :2230-4
SR
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