Une enzyme bactérienne capable de favoriser la croissance des neurones après une lésion de la moelle épinière
Le handicap qui résulte des lésions de la moelle épinière est dû à l'incapacité des prolongements des neurones (axones) à se régénérer dans la région lésée. Cet effet est en partie imputable à la présence de molécules inhibitrices dans cette région. Une équipe de chercheurs vient de montrer que la dégradation de ces molécules par une enzyme bactérienne favorise la régénération des axones et le rétablissement fonctionnel.
Ces résultats ont été obtenus chez des rats. A ce stade préliminaire de recherche, il serait prématuré d'affirmer que les lésions de la moelle épinière pourront être réparées. Néanmoins, les travaux présentés par Elisabeth Bradbury (Kings College London) et ses collaborateurs soulèvent un réel espoir pour la réparation des axones après une lésion de la moelle épinière.
Dans un article qui paraît dans la revue Nature du 11 avril, ces chercheurs expliquent qu'une lésion à la moelle épinière est associée au développement d'une sorte de cicatrice qui contient des molécules particulières parmi lesquelles les CSPGs ou "chondroitin sulphate proteoglycans".
Des études in vitro et in vivo ont montré que ces CSPGs sont un véritable frein à la croissance des axones qui ont été sectionnés. Une solution pour favoriser la régénération axonale est donc d'éliminer l'activité inhibitrice des CSPGs.
Cette hypothèse a été testée par les auteurs en employant la chondroitinase ABC, une enzyme d'origine bactérienne capable de dégrader certains motifs des CSPGs.
En injectant cette enzyme sur le site de la lésion chez des rats dont la moelle épinière avait été écrasée, l'équipe de Elisabeth Bradbury a observé une régénération des fibres nerveuses (croissance de 4 mm) à l'endroit où elles avaient été sectionnées.
Bien que le rétablissement fonctionnel des rats ne soit pas optimal, il existe bien un rétablissement moteur d'après les mesures électrophysiologiques réalisées et un rétablissement presque normal de la marche chez les rats traités par l'enzyme comparés à ceux qui ne l'avaient pas reçue.
Il est peu probable que cette stratégie permette à elle-seule de traiter les conséquences d'une lésion majeure de la moelle épinière. Toutefois, son efficacité est particulièrement prometteuse si l'on considère qu'elle pourrait être combinée à des traitements dirigés contre d'autres molécules inhibitrices de la régénération axonale.
Source : Nature 2002;416:636-40.SR
Descripteur MESH : Neurones , Croissance , Axones , Régénération , Cicatrice , In vitro , Prématuré , Recherche