Fatigue chronique: quelles pathologies se cachent véritablement derrière cet état ?

«La fatigue chronique représente une constellation de maladies», a dit hier au Medec 2002 le professeur Jean-Louis Dupond (CHU Besançon). Déplorant ce terme qui lui paraît ambigu et permet au médecin de mettre un nom sur une pathologie que souvent il ne peut expliquer, le professeur a tenu durant ce point presse, organisé sous le parrainage de l’académie nationale de médecine et la société nationale française de médecine interne, à expliquer que derrière cet état sont sous-jacentes de nombreuses maladies, d’ordre organiques ou psychiatriques, et que dans chaque cas il faut écouter l’histoire du patient et savoir «décoder sa plainte». Le médecin interniste constitue selon lui la personne de choix, grâce à sa «culture transversale», adaptée au diagnostic de ces maladies souvent inexpliquées et qui touchent tout de même 15% de la population.

Dans 20% des cas de fatigue chronique (FC), les personnes souffrent d’une maladie organique (hyperthyroïdie, parathyroïdie, hémochromatose, etc…). Il faut donc parler dans ces cas de faiblesse, de myasthénie ou d’adynamie, et soigner le malade de façon adaptée à sa pathologie.

Les 80% de cas de FC restant, selon le professeur, représentent des désordres d’origine psychiatriques ; les personnes sont lasses, et on parle alors d’apathie. J-L. Dupond déplore la «bataille d’Hernani» engagée par les spécialistes sur le sujet de la FC d’origine non organique, opposant les ultra classiques (tout est dans la tête) aux ultra modernes (tout est dans les cytokines), alors que selon lui la prise en charge et l’écoute du malade pourrait résoudre bien des maux.

Le professeur a également fait une parenthèse sur un nouveau concept apparu en 1988 aux Etats Unis, celui du syndrome de fatigue chronique (SFC ou encore fibromyalgie), bien que connu depuis près de deux siècles et relaté dans la littérature !

Le SFC (présent dans environ 0,4% de la population générale) se traduit par un état de fatigue sans troubles psychologiques apparents, il n’est pas amélioré en position allongé, est associé à la présence de ganglions, de troubles digestifs et de troubles du sommeil (disparition du stade 3).

Selon des observations récentes, il semblerait que chez les sujets diagnostiqués pour un SFC, la présence en grande quantité et chez bon nombre d’entre eux, de RNAse (enzyme s’attaquant à l’ARN viral), indiquerait que la SFC pourrait être secondaire à un passage viral antérieur qui aurait affaibli les personnes en sur-stimulant le système immunitaire. Des recherches sont en cours pour vérifier quels virus seraient en cause (on parle du virus Epstein Barr et du cytomégalovirus).

Le docteur Gérard Dine, hématologue, a renchérit les propos du professeur Dupond sur la nécessité d’écouter et de prendre en charge le patient fatigué, «vidé» selon les termes du professeur, afin de découvrir la cause de sa fatigue et de la traiter (quelquefois juste en proposant au patient de s’occuper de soi suffit), bref de «faire un travail de synthèse avant de penser à prescrire un anti-dépresseur».

G. Dine come J-L. Dupond, s’accordent à penser que le médecin interniste est un des mieux placé pour prendre en charge ces maladies, car ils sont les plus à même de réaliser des corrélations, étant confrontés à de nombreuses pathologies dans différentes spécialités.

Source : Medec 2002, 12-15 mars 2002, Paris

PI

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1 réaction(s) à l'article Fatigue chronique: quelles pathologies se cachent véritablement derrière cet état ?

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    Souad BEN HAMED| 11/11/2016- REPONDRE

    Excellent. Merci.

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