VIH : les bons résultats d'une étude pilote sur les interruptions thérapeutiques programmées
Cette étude pilote a été menée par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID). Elle indique que chez des patients où l'infection est bien contrôlée par une trithérapie continue, il est possible de passer à un traitement discontinu qui alterne sept jours de traitement et sept jours d'arrêt. Cette alternative assure un contrôle virologique convenable et réduit les effets secondaires des antirétroviraux.
Il est encore trop tôt pour ces interruptions thérapeutiques programmées (ITP) soient intégrées aux recommandations de prise en charge du VIH mais ces nouveaux résultats paraissent prometteurs pour les patients bien contrôlés.
L'essai pilote a été coordonné par le Dr. Dybul et le Dr. E. Fauci, directeur du NIAID. Ils communiquent aujourd'hui leurs résultats dans une publication avancée sur le site Internet de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Dix patients ont été inclus dans l'essai. Ils recevaient tous trois ou quatre antirétroviraux. Leur charge virale plasmatique avait été maintenue pendant au moins six mois au dessous de 500 copies/ml et était inférieure à 50 copies/ml au début de l'étude. Leur nombre de CD4 était au moins égal à 300 cellules par mm3.
Le schéma d'ITP testé était le suivant : combinaison de stavudine, lamivudine, indinavir, ritonavir administré deux fois par jour les sept premiers jours puis arrêt du traitement les sept jours suivants. Ce cycle était répété 16 à 34 fois pour une durée totale de 32 à 68 semaines.
Il n'y pas eu d'augmentation significative de la quantité de virus dans le corps (plasma, ganglions lymphatiques, lymphocytes), expliquent les chercheurs. En plus du contrôle de la charge virale, le nombre de CD4 a été maintenu au niveau observé avant le début de l'ITP. Il n'y pas eu de preuve de développement de résistances.
Un résultat particulièrement intéressant est la diminution de certains marqueurs des effets secondaires des antirétroviraux : après 24 semaines d'ITP, les concentrations moyennes en cholestérol et triglycérides avaient diminué respectivement de 22 % et 51 %.
"Parce qu'elle réduit de moitié la durée totale où les patients sont sous antirétroviraux, l'interruption thérapeutique programmée pourrait réduire significativement les coûts et les effets secondaires de ces médicaments, des aspects importants dans les pays riches et les pays pauvres", commente le Dr Dybul.
"Il est important d'insister sur le fait que les résultats d'essais cliniques randomisés et contrôlés – actuellement en cours – sont nécessaires pour prouver les bénéfices de cette approche expérimentale avant qu'elle ne puisse être recommandée aux patients en dehors d'un essai clinique", a-t-il ajouté.
Le Dr Anthony Fauci a quant à lui souligné l'importance que pourraient avoir ces schémas thérapeutiques dans les pays en développement "où vivent plus de 95 % des personnes infectées dans le monde, mais où très peu ont accès aux antirétroviraux en raison de leurs coûts".
Source : National Institute of Allergy and Infectious Diseases. M Dybul et al, "Short cycle structured intermittent treatment of chronic HIV infection with highly active antiretroviral therapy: Effects on virologic, immunologic, and toxicity parameters". Proceedings of the National Academy of Sciences, Early Edition online (December 4, 2001).
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