Lumière, travail de nuit et cancer du sein
Le travail de nuit en équipe pourrait augmenter jusqu'à 60 % le risque de cancer du sein selon une étude conduite par le Fred Hutchinson Cancer Research Institute. Ce travail, un des premiers à examiner la relation entre le risque de cancer et l'exposition à la lumière pendant la nuit, sera publié demain dans le Journal of the National Cancer Institute (JNCI).
Le Dr Scott Davis qui a dirigé cette enquête explique qu'une autre publication dans le prochain JNCI arrive également à la conclusion qu'une interruption du sommeil est liée à une augmentation significative du risque de cancer du sein, surtout chez les femmes qui travaillent la nuit.
Cependant, Davis met en garde contre toute conclusion hâtive. "Il serait prématuré de faire des recommandations sur les mesures spécifiques ou les changements de comportements à considérer chez les personnes exposées à la lumière pendant la nuit". Et d'ajouter que "le plus important sur le plan de la recherche est de se concentrer sur l'idée que tout ce qui perturbe la biologie du rythme circadien peut affecter les hormones qui influencent le risque de cancer".
Plus de 800 femmes de la région de Seattle et pour lesquelles un cancer du sein avait été diagnostiqué ont été interrogé, ainsi qu'un nombre identique de sujets contrôles. La structure de l'étude permettait d'évaluer l'exposition à la lumière et des antécédents de travail de nuit dans les 10 ans qui avaient précédé le diagnostic de cancer du sein.
L'équipe de Scott Davis a ainsi pu noter que les femmes qui avaient travaillé dans des équipes de nuit au moins une fois durant cette période de 10 ans avaient environ un risque de cancer du sein augmenté de 60 % comparé aux autres. De plus, ce risque augmentait avec le nombre d'heures de travail de nuit par semaine.
Les auteurs estiment que cette observation pourrait être liée à des différences de production de mélatonine, hormone dont la synthèse est stimulée par l'obscurité et inhibée par la lumière. Ainsi, la lumière pendant la nuit pourrait interrompre sa production, ce qui augmenterait la production d'estrogènes et risque de cancer du sein.
Un argument en faveur de cette théorie provient d'une étude conduite sur des femmes aveugles (dont le taux de mélatonine est constant) où il a été montré qu'elles avaient un risque réduit de cancer du sein.
D'autres éléments ne sont pas écartés par les auteurs, comme l'effet du stress relatif à un travail en équipe de nuit, notamment dans les professions médicales ou les services de secours.
Afin de mieux cerner cette relation entre le risque de cancer du sein et l'exposition pendant la nuit, l'équipe de Davis prépare une étude sur l'effet d'une perturbation du rythme circadien. L'objectif sera d'étudier conjointement la production de mélatonine et son impact sur la production d'estrogènes.
Source : Fred Hutchinson Cancer Research Center. "Night Shift Work, Light at Night, and Risk of Breast Cancer", JNCI 2001;20:1557-62.
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