L'enquête sur l'épidémie d'encéphalite au virus 'West Nile-like' se poursuit à New York
Le département de la santé de la ville de New York vient de faire savoir que l’épidémie d’encéphalite qui a débuté fin août dans la ville a touché à ce jour 36 personnes et que 168 cas font l’objet d’une analyse.
L’enquête épidémiologique est principalement menée par les services de santé publique de la ville, ceux de l’Etat de New York, et les Centers for Disease Control and Prevention d’Atlanta (CDC).
Cette bouffée épidémique d’encéphalite virale a été initialement repérée à New York. Elle a depuis été identifiée dans neuf contés voisins de l’Etat de New York et fait quatre morts.
Dans un premier temps attribuée au virus de l’encéphalite de St-Louis sur la base de résultats immunologiques obtenus sur le liquide céphalo-rachidien et du sérum, cette épidémie est en fait due à un virus similaire au virus de West Nile (WNV) et baptisé ‘West Nile-like virus’. Il a été identifié sur des échantillons de malades, d’oiseaux et de moustiques.
L’histoire de cette épidémie d’encéphalite a débuté le 23 août dernier lorsqu’un spécialiste en maladies infectieuses d’un quartier ouest (Queens) de la ville de New York a informé le New York City Department of Health (NYCDOH) que deux patients étaient atteints d’encéphalite.
Après enquête, le NYCDOH devait identifier un groupe de six patients avec encéphalite, dont cinq présentait une très importante faiblesse musculaire. Parmi eux, quatre avaient une neuropathie axonale à l’électromyogramme et nécessitaient une assistance respiratoire.
Les examens sérologiques vis-à-vis des arbovirus communs en Amérique du Nord avaient été effectués chez ces patients par le centre de contrôle des maladies d’Atlanta (CDC). Ils avaient montré le 3 septembre dernier une positivité pour le virus de l’encéphalite de St-Louis. Une vaste enquête épidémiologique avait parallèlement été entreprise, dès le 30 août, pour délimiter au mieux la zone géographique de l’épidémie d’encéphalite. Cette surveillance est toujours en cours.
Depuis le 3 septembre, une ligne téléphonique spéciale a été installée par la municipalité new-yorkaise. On comptabilisait environ 142.000 appels au 1er octobre.
Étrange épizootie chez des oiseaux
Un élément devait rapidement intriguer les enquêteurs des services locaux de santé publique : la mort, avant et après le début de l’épidémie d’encéphalite, de nombreux oiseaux dans la ville de New York, principalement des corneilles. Dans le même temps, entre le 5 et le 7 septembre, le zoo du Bronx notait qu’un cormoran, deux flamants du Chili et un faisan d’Asie avaient succombé à un mal étrange.
Les examens anatomopathologiques réalisés chez ces oiseaux ont montré qu’ils étaient atteints d’une méningo-encéphalite et d’une myocardite sévère. Des tissus prélevés chez ces animaux ont été envoyés aux services vétérinaires du ministère de l’agriculture à Ames (Iowa) pour analyse virologique. Aucun virus aviaire courant ne fut identifié mais d’autres virus étaient présents. Ils expédièrent le 20 septembre leurs échantillons au CDC pour analyse complémentaire.
Utilisant des techniques d’amplification génétique, les biologistes moléculaires du CDC devaient montrer que trois isolats viraux étaient apparentés au virus West Nile (WNV), un virus appartenant au genre des flavivirus et isolé pour la première fois dans la province du West Nile (littéralement province de l’Ouest du Nil) en Ouganda en 1937.
Surtout, des examens d’immunohistochimie réalisés au CDC devaient montrer la présence de ce même agent viral dans des tissus provenant des patients atteints d’encéphalite.
L’analyse génétique était par ailleurs formelle : une séquence du virus West Nile qui était présente à l’identique dans des isolats viraux aviaires avait été observé dans du tissu cérébral provenant d’un patient atteint d’encéphalite. Un résultat qui devait être confirmé par un laboratoire de l’Université de Californie à Irvine auquel le New York State Department of Health avait fait parvenir des échantillons de cerveau de trois autres patients.
Un virus jamais encore identifié aux Etats-Unis
Le virus West Nile (WNV) est proche du virus de l’encéphalite de St-Louis, d’où les réactions sérologiques croisées obtenues en début d’épidémie et la confusion première sur la cause exacte de l’épidémie. Ces deux virus sont transmis lors d’une piqûre de moustique, ce dernier n’étant qu’un hôte intermédiaire puisque lui -même infecté lors de ses repas sanguins sur des oiseaux infectés. Le virus West Nile n’avait encore jamais été identifié chez des patients aux Etats-Unis.
Au 1er octobre, la situation était la suivante : 36 cas d’encéphalite au West Nile-like virus ont été confirmés par des examens de laboratoire. La majorité des patients (24 sur 36) résident dans le Queens, les autres habitant le Bronx, Manhattan ou Brooklyn.
Sur ces 36 patients, 27 sont sortis de l’hôpital, 5 sont toujours hospitalisés et 4 sont décédés. Ces quatre victimes, âgés de 68 ans et plus, résidaient toutes dans le Queens à New York.
Vingt-sept patients sont âgés de 60 ans et plus. Trois ont la cinquantaine. Parmi les six autres patients, on compte un enfant de 5 ans, un adolescent de 15 ans et quatre personnes âgées respectivement de 29, 32, 38 et 40 ans.
Les épidémiologistes ont pu déterminer qu’un des patients qui a présenté une encéphalite à la fin du mois d’août était revenu d’un voyage en Afrique en juin dernier. Cela dit, aucun autre patient n’a voyagé au cours de la période d’incubation dans des zones où le virus West Nile est endémique (Afrique, Moyen Orient, l’ouest asiatique). De plus, deux des patients infectés résidant dans un conté voisin de la ville de New York ont déclaré de pas été dans la mégapole ces derniers mois, ni dans d’autres endroits où le virus WNV a frappé.
Selon le département de la santé de la ville de New York, l’explication la plus plausible de cette épidémie d’encéphalite est que le virus ait été introduit par un volatile migratoire infecté provenant d’une région où le virus circule naturellement, à moins qu’il n’ait été importé dans l’Etat de New York.
Épandages d’insecticide et enquête épidémiologique
La municipalité de New York vient d’annoncer qu’elle continuera sa stratégie d’épandage d’insecticide. Jusqu’à présent, 300.000 doses d’insectide ont été distribués dans toute la ville par l’intermédiaire des brigades de sapeurs pompiers et 750.000 brochures ont été distribuées pour inciter la population à se protéger des piqûres de moustiques.
La surveillance des moustiques se poursuivra jusqu’aux premières gelées à New York, dans les contés aux alentours et dans l’Etat voisin du Connecticut, c’est-à-dire au moment où l’activité de ces insectes piqueurs aura cessé.
En attendant, le Dr Neal Cohen, commissaire à la santé de la ville de New York, a indiqué que des brochures, en anglais, espagnol, français, coréen, russe, espagnol, hindi et ourdu, allaient être distribuées dans les faubourgs du Queens afin d’informer la population sur le West Nile-like virus. Il s’agit cependant avant tout de lui demander sa coopération en vue d’une grande étude de séro-prévalence. Des annonces paraîtront aussi dans la presse locale.
D’une durée prévue de deux à trois semaines, cette enquête débutera dès lundi. Un questionnaire, dont les données resteront “strictement confidentielles”, sera adressé à de très nombreux foyers des quartiers nord du Queens. La ‘hot-line’ devrait continuer à sonner.
Source : New York City Department of Health (NYCDOH) et les Centers for Disease Control and Prevention d’Atlanta (CDC) d’Atlanta.
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