Le clotrimazole actif in vitro sur Plasmodium falciparum
Le clotrimazole est doté d’une puissante activité in vitro contre Plasmodium falciparum, rapportent des chercheurs britanniques et israéliens qui estiment que cet antifungique devrait faire l’objet d’un essai clinique chez des patients atteints de paludisme.
Ces travaux, publiés dans la dernière livraison des comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS), émanent de chercheurs de l’Université de Cambridge et de l’Université hébraïque de Jérusalem.
Teresa Tiffert et ses collègues indiquent avoir trouvé que le clotrimazole inhibe in vitro efficacement et rapidement la croissance de cinq souches différentes de P. falciparum, et ce indépendamment de leur sensibilité à la chloroquine.
La concentration inhibitrice 50 % (IC50) du clotrimazole est comprise entre 0,2 et 1,1 micromole. A 2 µM ou plus, les concentrations de clotrimazole entraînent un net déclin de la parasitémie, une inhibition complète de la réplication du parasite et une destruction des parasites et des cellules parasitées au cours d’un cycle unique intra-érythrocytaire asexué (24 h). De telles concentrations se situent au niveau des taux sériques observés chez les patients traités par voie orale par l’antifungique.
Le clotrimazole a été plus efficace aux stades trophozoïte âgé et schizonte qu’de en anneau (trophozoïte jeune). Les effets transitoires observés après une exposition à 2,5 µM de clotrimazole pendant 12 heures sur les formes en anneaux indique qu’à cette concentration la molécule a un effet cytostatique. Une exposition prolongée pendant 24 heures permet en revanche d’obtenir un effet cytotoxique. Les auteurs précisent que la choloroquine antagonise les effets du clotrimazole, mais que l'association méfloquine-clotrimazole est synergique.
Les chercheurs rappellent que le clotrimazole est bien absorbé chez les nouveau-nés et les enfants et que des fortes doses sont efficaces et bien tolérées chez l’enfant et chez l’adulte souffrant de mycose. De plus, contrairement aux autres antifungiques, il n’a pas été observé de développement de résistance au clotrimazole in vivo et que celle-ci est extrêmement difficile à induire in vitro. Il reste bien sûr à savoir si pourrait en être de même avec le parasite du paludisme.
Au cours de leurs travaux, les auteurs ont eu connaissance qu’une autre équipe avait montré que le clotrimazole est efficace sur une autre souche de P. falciparum. Ceci porte donc à six le nombre de souches sensibles au clotrimazole.
L’ensemble de ces données font du clotrimazole " un agent antipaludéen efficace et une nouvelle tête de série qui se prête à une étude clinique pilote dans des cas non compliqués de paludisme à P. falciparum ", concluent les auteurs.
Source : Proceedings of The National Academy of Sciences (PNAS), 4 janvier 2000, vol.97, n°1, 331-6.
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