Le profil génétique des virions transmis au moment de l’infection par le VIH diffère entre l’homme et la femme
Il existe entre les deux sexes d’importantes différences dans la population des virions VIH-1 transmis lors d'une contamination par voie sexuelle, révèle une étude parue dans Nature Medicine. Il apparaît ainsi que les femmes sont typiquement infectées par de multiples variants, alors que la plupart des hommes ne sont contaminés que par une seule souche virale. Il s’agit d’un résultat important dans la mesure où la diversité génétique du virus du sida apparaît jouer un rôle essentiel dans la pathogénèse de l’infection.
Plusieurs études, principalement menées aux Etats-Unis et en Europe sur des cohortes d’hommes (la plupart du temps homosexuels), ont montré que les virus isolés du sang d’adultes au moment de l’infection aiguë étaient relativement homogènes, même lorsque le partenaire contaminant hébergeait une population virale génétiquement hétérogène. Cela dit, certains travaux conduits en Afrique ont indiqué que des populations virales hétérogènes sont retrouvées chez des femmes à un stade précoce l’infection à VIH.
C’est pour étudier plus précisément la diversité génétique des isolats VIH-1 transmis aux hommes et aux femmes résidant dans même zone géographique et infectés par les mêmes sous-types de VIH-1 que le groupe de Julie Overbaugh de l’Université de Washington à Seattle a conduit une étude au Kenya en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Nairobi.
Les séquences du gène de l’enveloppe du VIH-1 (régions variables V1, V2, V3) ont été analysées, avant séroconversion, chez 5 hommes récemment infectés. Chez chacun d'eux, une population virale homogène a été observée dans les cellules mononucléées du sang périphérique (PBMC), avec moins de 1 % de diversité dans les clones analysés.
Une analyse génétique similaire a été effectuée auprès de prostituées (n=6) de Mombasa au moment de la séroconversion, puis sur un groupe de femmes (n=26) cette fois-ci avant apparition des anticorps. Les résultats montrent une population virale hétérogène chez 20 des 32 femmes étudiées (63 %).
L’ensemble des données montre que la diversité génétique virale observée n’était pas la conséquence d’une ré-infection par différents partenaires. En d’autres termes, la diversité génétique du VIH-1 chez ces femmes était très probablement le résultat de la transmission de multiples variants.
Il ressort donc de ces travaux que les femmes sont typiquement infectées par leurs partenaires par de multiples souches virales, alors que les hommes le sont habituellement par un seul génotype viral. Autrement dit, il existe entre l’homme et la femme des différences importantes dans le profil des virus transmis. Les chercheurs font remarquer que ces différences génétiques semblent indépendantes du sous-type viral.
Au total, les études réalisées tant au Kenya qu’aux Etats-Unis et en Europe indiquent qu’une seule souche virale est transmise aux hommes lors d'un rapport homo- ou hétérosexuel contaminant.
Au total, " il importe donc d’être prudent dans l’extrapolation de données obtenues chez l’homme dans la compréhension de la transmission et de la pathogénèse du VIH chez la femme ", concluent les auteurs qui soulignent que près de la moitié des cas d’infection à VIH dans le monde touche la population féminine.
Source : Nature Medicine, janvier 2000, vol.6, n°1, 71-5.
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