Contraception et méningiome : les résultats chiffrés d’une vaste étude EPI-PHARE

Contraception et méningiome : les résultats chiffrés d’une vaste étude EPI-PHARE Une vaste étude nationale menée par EPI-PHARE révèle des données inédites sur les risques potentiels associés à certains contraceptifs progestatifs oraux. Alors que la majorité des contraceptifs apparaissent sûrs, une surveillance est recommandée pour certaines utilisatrices.

Contraception et méningiome : un risque limité mais réel pour certains progestatifs

Les méningiomes, tumeurs intracrâniennes le plus souvent bénignes, peuvent occasionner des symptômes graves lorsqu’ils compriment des structures cérébrales. Ces dernières années, plusieurs études ont établi un lien entre l’exposition à certains progestatifs et un risque accru de méningiome. Dans ce contexte, l’étude menée par EPI-PHARE entre 2020 et 2023 s’est penchée sur deux molécules largement utilisées en France : le désogestrel et le lévonorgestrel.

L’analyse, qui s’appuie sur les données du Système National des Données de Santé (SNDS), a inclus 8 391 femmes opérées pour un méningiome intracrânien et les a appariées à plus de 83 000 témoins. L’objectif : évaluer l’impact d’une exposition récente et prolongée à ces contraceptifs sur le risque de développer cette tumeur.

Résultats contrastés : le désogestrel sous surveillance

Les résultats de l’étude apportent des éclairages différenciés selon les molécules étudiées.

  • Le lévonorgestrel : Aucune augmentation significative du risque de méningiome n’a été observée, que ce progestatif soit utilisé seul ou combiné avec de l’éthinylestradiol. Cette conclusion rassure les millions de femmes qui utilisent ce contraceptif en France.

  • Le désogestrel : Un risque légèrement accru de méningiome a été identifié chez les femmes de plus de 45 ans, en cas d’utilisation prolongée (plus de cinq ans). Le risque est multiplié par deux après sept ans d’utilisation continue (OR : 2,09). Les méningiomes se localisaient plus fréquemment à la base antérieure et moyenne du crâne chez ces femmes. Toutefois, ce risque disparaît rapidement après l’arrêt du traitement, offrant des perspectives rassurantes.

L’étude a également révélé un sur-risque plus marqué chez les femmes ayant utilisé d’autres progestatifs déjà connus pour être associés au méningiome (comme l’acétate de cyprotérone ou le nomégestrol) avant le désogestrel.

Limites méthodologiques de l’étude

L’étude EPI-PHARE, bien que rigoureuse, présente plusieurs limites méthodologiques qu’il est essentiel de prendre en compte pour interpréter les résultats.

Dépendance aux données administratives

L’étude repose sur les données du SNDS, qui bien qu’étendues, ne permettent pas de collecter certains facteurs confondants comme les antécédents familiaux, les habitudes de vie (tabagisme, consommation d’alcool) ou l’exposition à d’autres traitements pouvant influencer le risque de méningiome.

Mesure imprécise de l’exposition

Les données de délivrance des contraceptifs ne garantissent pas que les médicaments ont effectivement été consommés par les patientes, ni de manière continue. Cette imprécision pourrait biaiser les résultats, notamment pour les analyses portant sur les expositions prolongées.

Absence de prise en compte des interactions médicamenteuses

Les interactions potentielles entre les contraceptifs progestatifs étudiés et d’autres traitements n’ont pas été spécifiquement évaluées. Cela limite la compréhension des mécanismes contribuant au risque observé.

Biais de sélection et causalité

Bien que l’étude utilise un appariement entre cas et témoins, des biais de confusion résiduels peuvent persister. De plus, le dessin cas-témoins ne permet pas de prouver une relation causale directe entre l’exposition aux contraceptifs et le risque de méningiome.

Implications et recommandations pour les utilisatrices et les professionnels de santé

Compte tenu des résultats, des recommandations préliminaires ont été formulées pour limiter les risques, en attendant des mesures plus concrètes prévues en 2025 :

Pour les utilisatrices :

  1. Pas d'arrêt brutal : Il est déconseillé d’arrêter sa contraception sans l’avis d’un professionnel de santé, au risque d’une grossesse non désirée.
  2. Surveillance des symptômes : Consultez en cas de maux de tête persistants, troubles de la vision, de l’audition ou de paralysie. Une IRM pourra être prescrite par mesure de précaution.
  3. Réévaluation annuelle : Pour les femmes de plus de 45 ans, il est conseillé de discuter chaque année avec leur prescripteur pour envisager une adaptation de leur contraception.

Pour les professionnels de santé :

  • Être attentif aux symptômes évocateurs de méningiomes chez les patientes sous désogestrel.
  • En cas d’antécédent de méningiome, privilégier d’autres options contraceptives.
  • Adapter les prescriptions selon l’âge et l’historique médical des patientes, en particulier après 45 ans.

Des perspectives rassurantes pour l’avenir

Cette étude apporte une distinction claire entre les contraceptifs étudiés, permettant ainsi d’ajuster les recommandations sans alarmer inutilement. Alors que le lévonorgestrel s’avère sans danger, une vigilance accrue s’impose pour les utilisatrices de désogestrel prolongé, notamment après 45 ans.

EPI-PHARE offre ici une base solide pour guider les décisions médicales et les politiques de santé publique, tout en renforçant la sécurité des patientes. Ces résultats seront précieux pour informer les futures mises à jour des recommandations officielles et pour garantir une prise en charge adaptée des femmes utilisant ces contraceptifs.

Sources : Rapport EPI-PHARE, 19 décembre 2024.

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