Le rôle essentiel des infirmières dans la prise en charge des patients insuffisants rénaux chroniques
Une étude de l'IRDES met en lumière l'importance des infirmières de coordination et des outils de communication dans la prise en charge des patients atteints d'insuffisance rénale chronique. Ces deux leviers permettent de réduire les urgences et d'augmenter les chances de greffe, offrant ainsi un meilleur avenir aux patients.
L'insuffisance rénale chronique (IRC) touche une proportion significative de la population française, créant des défis majeurs pour le système de santé. Diverses initiatives, dont celles soutenues par l'article 43 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014, visent à améliorer la prise en charge de ces patients.
Le contexte et l'importance de la coordination
L’insuffisance rénale chronique, caractérisée par une incapacité des reins à filtrer correctement le sang, nécessite souvent des traitements tels que la dialyse ou la greffe rénale. En 2021, environ 92 535 patients en France étaient en phase terminale de l’IRC, nécessitant une dialyse pour 55 % d'entre eux et une greffe fonctionnelle pour les 45 % restants (ABM, 2023). L'augmentation des dépenses de santé liées à cette maladie a été notable, atteignant 4,18 milliards d’euros en 2017, avec une augmentation annuelle moyenne de 2,4 % de 2013 à 2017 (Cour des comptes, 2020).
Les expérimentations pour améliorer les parcours de soins
L'article 43 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014 a permis de lancer des expérimentations dans six régions françaises : Rhône-Alpes, Alsace, Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Pays de la Loire et Réunion. Ces expérimentations visaient à améliorer l'autonomie et le parcours de soins des patients insuffisants rénaux. Les principaux objectifs étaient de développer la prévention et la suppléance (transplantation rénale et dialyse hors centre). Les projets pilotes ont été focalisés sur deux segments : le segment "pré-suppléance" pour les patients en phase précoce de la maladie et le segment "suppléance" pour les patients déjà traités par dialyse ou greffe.
Le recrutement d’infirmières spécialisées
Le rôle des infirmières de coordination a été important dans la gestion des patients IRC. Elles assurent le suivi des patients, coordonnent les soins avec les néphrologues et autres professionnels de santé, et jouent un rôle central dans l’éducation thérapeutique des patients. Leur présence permet d’offrir un accompagnement personnalisé tout au long du parcours de soins, depuis la phase préventive jusqu’à la préparation à la dialyse ou à la greffe.
Les infirmières de coordination aident à réduire le nombre de dialyses initiées en urgence en préparant mieux les patients et en les informant sur les différentes options de traitement. Elles facilitent également l'inscription des patients sur la liste d'attente pour une greffe, ce qui est crucial pour ceux qui pourraient bénéficier d'une transplantation rénale. Un néphrologue souligne : « Avant, ces patients étaient suivis par le médecin généraliste et par le néphrologue et c’était des contacts isolés au cours de l’année et entre lesquels c’était la boîte noire alors qu’aujourd’hui, ces patients ont un projet thérapeutique. »
La mise en place d’outils de communication
La mise en place d'outils de communication efficaces a également joué un rôle clé dans l'amélioration de la prise en charge des patients IRC. Les dossiers médicaux partagés, les plateformes d'échanges d'informations et les autres outils de communication ont permis un meilleur partage des informations entre les différents professionnels de santé impliqués dans le parcours de soins.
Ces outils ont facilité la coordination des soins, en assurant que toutes les parties prenantes disposent des informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées et coordonnées concernant le traitement des patients. Les plateformes d'interopérabilité, par exemple, ont permis de centraliser les résultats biologiques des patients, facilitant leur lecture et leur suivi par les différents professionnels de santé. Un néphrologue a indiqué.
« Avant, ces patients étaient suivis par le médecin généraliste et par le néphrologue et
c’était des contacts isolés au cours de l’année et entre lesquels c’était la boîte noire alors qu’aujourd’hui, ces patients ont un projet
thérapeutique. » a déclaré un Néphrologue à l'IRDES
Des prises en charge de meilleurs qualité
Les résultats des expérimentations menées dans les six régions montrent une diminution des dialyses initiées en urgence et une augmentation de l'accès à la liste d'attente de greffe pour les patients. Bien que l’impact statistique soit parfois limité, ces initiatives ont ouvert de nouvelles perspectives, notamment en matière de coordination des soins. L'extension récente du forfait prévention pour inclure les infirmières de pratique avancée et d'autres professionnels comme les psychologues et assistants sociaux en est un exemple.
L'étude de l'IRDES démontre que le recrutement d'infirmières spécialisées et la mise en place d'outils de communication sont des leviers essentiels pour améliorer la coordination des soins et, par conséquent, la prise en charge des patients atteints d'insuffisance rénale chronique. Ces initiatives permettent non seulement de mieux préparer les patients aux différentes étapes de leur traitement mais aussi d'optimiser l'efficience du système de santé en réduisant les interventions d'urgence et en améliorant l'accès aux greffes rénales. Cependant, la pérennité de ces actions dépend de la capacité à sécuriser des financements supplémentaires et à surmonter les disparités organisationnelles et territoriales.
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