Un quart des enfants en crèche ne seraient pas à jour de leur vaccination

Lors des 49èmes Journées Nationales d’Étude des infirmières puéricultrices (IPDE) qui se sont tenues au Havre du 15 au 17 mai, l’ANPDE (Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Étudiantes) a présenté les résultats d’une enquête alarmante : 25% des enfants en crèche ne sont pas à jour de leur vaccination. Cette étude, réalisée entre le 1er février et le 30 mars 2024, visait à évaluer la couverture vaccinale des enfants nés entre 2021 et 2024, accueillis dans 575 structures d'accueil en France.

Objectifs et défis de l'enquête

L’ANPDE avait plusieurs objectifs en réalisant cette enquête :

• Objectiver et évaluer par des données quantitatives la conformité aux vaccinations obligatoires.
• Comprendre les défis et obstacles à une vaccination complète.
• Fournir des données probantes pour orienter les politiques de santé publique.

Sur les 12 347 enfants concernés par l’enquête, seulement 8 823 carnets de santé ont été demandés, et parmi ceux-ci, 6 737 ont été effectivement consultés. Il en ressort que 25,3% des enfants ont un retard vaccinal, un chiffre préoccupant pour les professionnels de la petite enfance. Le manque de temps dévolu aux missions des Référents Santé Accueil Inclusif (RSAI) est pointé du doigt, car sur les 12 347 enfants, 5 610 carnets n’ont pas pu être demandés ou consultés. Les IPDE priorisent souvent les urgences, comme les alertes des familles ou les Protocoles d’Accueil Individualisé, au détriment de la vérification du calendrier vaccinal.

Le rôle des RSAI et les recommandations

Les RSAI ont des missions multiples, incluant les alertes des familles, les Protocoles d’Accueil Individualisé pour des conditions comme l’asthme, les allergies et les pathologies chroniques, ainsi que la vérification de la couverture vaccinale des enfants accueillis en crèche. Cependant, le temps alloué à ces missions est souvent insuffisant pour assurer un suivi rigoureux du calendrier vaccinal.

Les principales causes des retards vaccinaux identifiées par les RSAI sont :

• Maladie (fièvre ou infections repoussant la vaccination)
• Négligence (oubli, manque de temps, rendez-vous non reprogrammé)
• Difficulté d'accès (absence de médecin, barrières linguistiques ou méconnaissance du système de santé)
• Refus (opposition à la vaccination et désinformation)

Pour chaque cause, les RSAI ont un rôle déterminant :

• Pour les maladies, ils doivent mettre en place des actions de prévention et de promotion de la santé.
• Pour la négligence, ils doivent informer et conseiller sur l’utilité des vaccins et déconstruire les croyances erronées.
• Pour les difficultés d'accès, ils doivent accompagner les familles dans leurs démarches et expliquer le schéma vaccinal.
• Pour les refus, ils doivent proposer et vacciner les enfants, en prévenant la douleur et en identifiant les situations nécessitant un avis médical.

Le Professeur Gaudelus, pédiatre infectiologue et expert à Infovac-France, a souligné l'importance de la vaccination et exprimé le souhait que les infirmières puéricultrices puissent prescrire et administrer les vaccins dès la naissance. Les enjeux dépassent la seule vaccination et prescription. Les IPDE jouent un rôle crucial en informant, expliquant et garantissant la prévention, assurant ainsi un accès aux soins partout et pour tous.

Vers une meilleure formation et des ressources accrues

Pour améliorer la situation, l’ANPDE appelle à une réflexion collective pour garantir que chaque enfant en crèche bénéficie des vaccinations essentielles. Il est également proposé de renforcer la formation des IPDE vers un Master 2, intégrant des compétences en pratique avancée, afin de répondre plus efficacement aux besoins du terrain.

Ces résultats mettent en lumière la nécessité de ressources supplémentaires pour les RSAI afin d'améliorer la couverture vaccinale et assurer une prévention efficace. Les récentes annonces faites par Frédéric Valletoux dans le cadre des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant doivent être concrétisées pour permettre une meilleure prise en charge vaccinale des enfants en crèche.