50% des personnels hospitalo-universitaires envisageraient de quitter l'hôpital public

Sarah Alves, professeure en gestion des ressources humaines à l’EM Normandie, a publié les résultats alarmants d’une enquête sur la désaffection des personnels hospitalo-universitaires pour l’hôpital public. Plus de 50% ont envisagé ou envisagent de quitter un navire à la dérive.

Malaise croissant dans les hôpitaux universitaires

Pour éclairer cette problématique, Sarah Alves a initié le “Baromètre HU” en automne 2023, avec le soutien du SHU, pour sonder les intentions de départ des personnels hospitalo-universitaires (HU) et leurs motivations. L’étude, qui a recueilli 838 réponses, soit plus de 13% de la population cible active, révèle une appréciation pour leur métier malgré des facteurs d’insatisfaction notables, tels que les conditions de travail, l’application des règles, la rémunération, et le manque de reconnaissance. Si les HU restent attachés à leur rôle dual de soignants et universitaires, ils font face à des défis institutionnels, notamment dans la gestion des ressources humaines souvent considérée comme toxique, les incitant à envisager d’autres options de carrière. Cette tendance est plus prononcée chez les HU plus jeunes, qui sont également ouverts à des opportunités dans le secteur privé ou hors de l’hôpital.

Un mal-être au travail de plus en plus fréquent

Les données du “Baromètre HU” lancé par Sarah Alves révèlent des niveaux élevés de mal-être au travail, avec plus de la moitié des répondants envisageant de démissionner, de rejoindre le secteur privé, ou de prendre une année sabbatique. Entre 2016 et 2023, les demandes de disponibilités ont augmenté de 95%, soulignant l’urgence d’aborder l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires et la fidélisation des équipes.

L’attractivité de la profession … encore et encore

Face à cette situation préoccupante, Sarah Alves et d’autres experts suggèrent plusieurs pistes d’amélioration. Parmi celles-ci, l’augmentation des salaires, une meilleure gestion des carrières, et des mesures pour réduire la charge administrative excessive sont primordiales. Ils recommandent aussi une valorisation accrue des compétences et des expériences, ainsi qu’une attention particulière aux besoins spécifiques des jeunes professionnels. Ces recommandations visent à restaurer l’attractivité de ce secteur et à assurer un avenir sain pour le système de santé en France. Avec une population vieillissante et des besoins de santé en constante évolution, la rétention et le recrutement de personnels compétents et motivés dans les hôpitaux universitaires sont essentiels. L’étude de Sarah Alves constitue un appel à l’action pour les décideurs politiques et les gestionnaires de santé, afin de prendre des mesures décisives pour préserver la qualité des soins en France.