Les politiques publiques mettent les EHPAD en difficultés financières et en sous effectifs
Le syndicat des Cadres Hospitaliers Force Ouvrière met en lumière la situation préoccupante des EHPAD publics en France. Les déficits s'accumulent, les inégalités territoriales s'accentuent et les solutions proposées semblent loin de répondre aux enjeux réels du secteur.
Un secteur en péril
Aujourd'hui, 86% des EHPAD publics affichent un bilan déficitaire. L'inflation et les nombreuses mesures statutaires ou catégorielles non financées sont les principaux coupables de cette situation. Les conséquences sont lourdes : la qualité des soins et de l'accompagnement des personnes âgées est directement impactée.
Les trésoreries sont à sec, au point de menacer le versement des salaires des agents. Les institutions bancaires refusent désormais de pallier ces déficits structurels en accordant de nouvelles lignes temporaires de trésorerie. Dans ce contexte, les directeurs d'EHPAD se retrouvent démunis, leurs appels à l'aide restant souvent sans réponse.
Des inégalités territoriales exacerbées
Les difficultés économiques sont aggravées par les inégalités territoriales. Les taux d'évolution des tarifs d'hébergement des établissements habilités à l'aide sociale varient d'un département à l'autre, sans jamais couvrir l'inflation galopante et le non-financement des mesures catégorielles. Les taux d'évolution de la valeur du point GIR pour la dépendance sont disparates et l'évolution est encore plus faible que pour le tarif d'hébergement, créant un décalage important par rapport aux coûts réels. Face à cette réalité économique, les autorités de tarification se renvoient la balle, laissant les directeurs dans une situation de grande précarité.
Des solutions insuffisantes
Le Congrès FNADEPA des 22 et 23 juin 2023, réuni à Nancy, a dénoncé les difficultés du secteur de la gérontologie, entre manque de ressources humaines et de financements.
Cette enquête a révélé des problèmes de ressources humaines sans précédent, avec 83% des répondants signalant une pénurie de personnel, équivalant à environ 4 ETP par structure. Toutes les professions sont touchées, mais les soignants sont les plus concernés. Pour assurer un accompagnement digne de nos aînés, il est impératif que l'Etat et les départements investissent massivement dans le recrutement, la fidélisation et la formation des professionnels.
« Nous ne pourrons pas avoir l’ambition d’accompagner dignement nos ainés si nous n’avons pas les bras, les cerveaux et les cœurs au sein de nos structures. L’Etat et les départements doivent investir massivement dans le recrutement, la fidélisation et la formation des professionnels. Augmenter le taux d’encadrement dans nos établissements et services n’est pas un luxe ; c’est un impératif absolu. » Jean-Pierre Riso, président de la FNADEPA
Par ailleurs, l'enquête a mis en évidence les difficultés financières des établissements et services du réseau FNADEPA. Deux structures sur trois sont déficitaires en 2022, avec un déficit moyen de 143 000 €, principalement dû à l'inflation et au non-financement des mesures de revalorisation salariale. 60% des répondants estiment que leurs réserves sont insuffisantes pour tenir plus de 2 ans, ce qui pourrait conduire à une concentration des acteurs et à l'émergence de géants gestionnaires.
Le Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes Handicapées a affirmé être pleinement mobilisé pour « répondre à l’urgence et préparer l’avenir ». Il a insisté sur trois chantiers permettant d’avancer sur « des mesures de fond pour apporter des réponses pérennes » qui doivent se concrétiser dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2024.
Cependant, ces mesures semblent loin de répondre aux attentes des professionnels du secteur. Les directeurs d'EHPAD, usés et délaissés, ne croient plus aux effets d'annonce ni au fait qu'une grande Loi résolve miraculeusement tous ces problèmes endémiques.
Un appel à l'action
Face à cette situation, le syndicat des Cadres Hospitaliers Force Ouvrière met la pression sur les autorités. Si cette crise du financement se pérennise, elle va conduire à la paupérisation accélérée de l’accompagnement de nos aînés dans l’hexagone, à la dégradation des conditions de leur prise en charge et inévitablement cela nuira à la continuité même de l’activité des EHPAD habilités à l’aide sociale.
Il est devenu impératif de voir des mesures concrètes pour maintenir l’activité de nos établissements et garantir l’attractivité du métier de D3S. Une autre vraie responsabilité « politique » du moment !
L'avenir des EHPAD publics en question
La DGOS devrait faire des propositions pour les D3S prochainement. Avant que le défaitisme ne l’ait définitivement emporté. Des centaines de collègues vivent le même quotidien et sont préoccupés par le devenir des populations qui nous sont confiées.
Pour FO, Il n’est pas possible de rester les bras croisés à attendre que nos structures s’effondrent. Il est devenu impératif de voir des mesures concrètes pour maintenir l’activité de nos établissements et garantir l’attractivité du métier de D3S. Une autre vraie responsabilité « politique » du moment !
L'avenir des EHPAD publics est en jeu. Les défis sont nombreux et les solutions proposées jusqu'à présent semblent insuffisantes. Il est temps d'agir pour garantir un avenir serein à nos aînés et aux professionnels qui les accompagnent au quotidien.
Crédit photo : DepositPhotos
Descripteur MESH : Solutions , Lumière , France , Bras , Politique , Personnes , Face , Réseau , Pression , Temps , Soins , Personnes handicapées , Professions , Sécurité sociale , Sécurité