Téléexpertise et opticiens mobiles : un duo dynamique pour connecter 5,4 millions de patients aux soins ophtalmologiques
Dans une nouvelle analyse économique menée en collaboration avec l’Institut Sapiens, le collectif ROAD (Regroupement des Opticiens À Domicile) démontre que l’expansion du réseau de professionnels de la santé visuelle, en s’appuyant sur des opticiens mobiles, offre une solution concrète et efficiente aux problèmes posés par les déserts médicaux en ophtalmologie, l’abandon des soins et le manque de prévention.
Déserts médicaux et opticiens mobiles : une solution viable
Les inégalités d’accès aux soins de santé, en particulier pour les personnes âgées et les personnes handicapées, sont de plus en plus préoccupantes. Selon une première étude économique réalisée par l’Institut Sapiens pour le collectif ROAD en janvier, la distance géographique, la perte d’autonomie et les délais de rendez-vous avec un ophtalmologiste sont à l’origine d’une renonciation inquiétante aux soins. Cette situation engendre une perte économique pour le pays à hauteur de 30 milliards d’euros par an.
Une nouvelle étude de l’Institut Sapiens pour le collectif ROAD révèle que la mise en œuvre de la téléexpertise, en utilisant des opticiens mobiles, pourrait potentiellement permettre de réaliser 12 millions d’actes ophtalmologiques supplémentaires, pour un total de 55 millions d’actes par an. Cela représenterait une augmentation de 28 % des consultations réalisées chaque année, permettant à 5,4 millions de patients supplémentaires d’être pris en charge.
« L’objectif premier de notre recommandation d’élargir la téléexpertise aux opticiens mobiles est de transformer le système pour répondre concrètement aux besoins de la population, » explique Matthieu Gerber, président du ROAD.
La téléexpertise dans les EHPAD : un consensus sur une nouvelle voie de coopération
La téléexpertise en ophtalmologie pour les résidents des EHPAD a déjà prouvé son efficacité en améliorant l’acuité visuelle et en détectant des pathologies oculaires. En ouvrant la téléexpertise aux opticiens mobiles, seule profession de la filière disposée à se déplacer dans les établissements médico-sociaux, cela permettrait d’établir un véritable travail pluridisciplinaire.
Délégation de tâches : une nécessité pour l’avenir de l’optique
Pour faire face à l’augmentation prévue du nombre d’actes et assurer un accès égal à la santé visuelle, la délégation de tâches est un levier essentiel. Selon Matthieu Gerber, « déléguer des tâches ne signifie pas déléguer les compétences. L’ophtalmologiste doit rester le pilier de la prise en charge du patient, l’opticien n’intervenant qu’en soutien de celui-ci. »
Vers une transformation du modèle économique du secteur de l’optique
Cette nouvelle organisation, où l’opticien mobile joue un rôle pivot dans le parcours de soins du patient, entraînerait une transformation profonde du modèle économique du secteur de l’optique. La consultation à domicile, avec un opticien mobile et la téléexpertise, engendrerait des frais de déplacement supplémentaires. Cependant, l’efficacité accrue et la prévention des maladies oculaires pourraient compenser ces coûts et entraîner des économies à long terme.
Le passage à une approche plus axée sur la prévention, plutôt que sur le traitement des symptômes, permettrait également de réaliser des économies substantielles. Le coût de la cécité et de la malvoyance, lié aux pertes de productivité et aux soins de longue durée, est estimé à plus de 30 milliards d’euros par an en France. Par conséquent, en se concentrant sur la prévention et l’accès aux soins, ce coût pourrait être significativement réduit.
Un soutien réglementaire nécessaire
Le collectif ROAD et l’Institut Sapiens appellent à des changements réglementaires pour soutenir l’évolution du secteur. Ils préconisent l’intégration d’un statut spécifique pour les opticiens mobiles dans le cadre législatif, et la reconnaissance de leur rôle dans le système de santé. De plus, ils appellent à une restructuration des tarifs de remboursement afin de prendre en compte les frais de déplacement des opticiens mobiles.
« L’adaptation de la réglementation est un prérequis pour pouvoir concrétiser ce modèle de soins innovant. Il est essentiel que la politique de santé publique soutienne ces initiatives pour améliorer l’accès aux soins ophtalmologiques, » conclut Matthieu Gerber.
L’ambition est grande et les enjeux majeurs. La mise en œuvre de cette solution pourrait révolutionner l’accès aux soins de santé visuelle en France, et potentiellement servir d’exemple pour d’autres pays confrontés à des problèmes similaires.
« Notre étude le prouve, le secteur de l’optique a besoin d’une réelle révolution. Les besoins sont en augmentation constante, l’offre se contracte pour des raisons démographiques. Sans cette transformation majeure, ce sont ainsi plusieurs millions de personnes qui resteront sans soins adaptés, parmi lesquelles les personnes âgées et en situation de handicap. Son but est de conforter la place de l’ophtalmologiste, dont la compétence et l’expertise sont indispensables, en pensant à une nouvelle organisation des compétences et des procédés pour résorber les déserts médicaux et répondre aux besoins croissants d’une population qui ne cesse de voir sa santé visuelle se dégrader. » explique Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens.
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