La maltraitance précoce et la mortalité prématurée semblent liées chez les infirmières
Une étude publiée en mai 2023 dans le BMJ par Yi-Xin Wang et ses collègues révèle des liens troublants entre la maltraitance physique et sexuelle subie pendant l’enfance et l’adolescence et la mortalité prématurée chez les infirmières. Cette recherche, ancrée dans la réalité des professionnels de santé, soulève des questions essentielles sur l’impact à long terme des traumatismes du passé.
Menée au sein de l’importante cohorte des Nurses’ Health Study II, l’étude a porté sur 67 726 infirmières âgées de 37 à 54 ans qui ont rempli un questionnaire sur les violences subies en 2001. Les participantes ont été suivies pendant 18 ans.
Les chercheurs ont observé la corrélation entre les violences subies pendant l’enfance et l’adolescence, et le taux de mortalité prématurée, définie comme un décès avant l’âge de 70 ans. 2410 décès prématurés ont été identifiés durant cette période.
Les types de maltraitances évalués comprenaient des actes de violence physique tels que coups et brûlures, ainsi que des agressions sexuelles sous forme de contacts non consentis ou d’activités sexuelles forcées. Les abus étaient également catégorisés en fonction de leur gravité et du nombre de types de violences subies.
L’étude a révélé que les infirmières ayant subi des abus sévères pendant leur enfance et leur adolescence présentaient des taux de mortalité prématurée nettement plus élevés que leurs collègues non maltraitées. Les risques étaient particulièrement élevés pour certaines causes de décès, notamment les blessures externes, les suicides et les maladies du système digestif. Les abus sexuels étaient également liés à des taux de mortalité plus élevés pour des causes spécifiques, comme les maladies cardiovasculaires et respiratoires.
Pour expliquer ce lien statistique, les auteurs avancent l’hypothèse que les abus subis pendant l’enfance augmentent la vulnérabilité, perturbent la santé mentale et engendrent des habitudes de vie malsaines. Une autre hypothèse suggère que la maltraitance dans l’enfance pourrait provoquer des changements biologiques touchant les fonctions immunitaires et inflammatoires, le développement du cerveau ou le système neuroendocrinien. Par exemple, des études ont révélé que les abus subis pendant l’enfance ou l’adolescence sont associés à des niveaux plus élevés de biomarqueurs de l’inflammation et à des modifications épigénétiques qui peuvent perturber le développement normal du cerveau, favoriser les troubles psychiatriques et les comportements addictifs.
Cette étude vient renforcer un corpus croissant de recherches soulignant l’impact à long terme des violences subies pendant l’enfance et l’adolescence. Elle met en lumière la nécessité d’une prise en charge précoce et efficace des victimes, ainsi que de politiques publiques visant à prévenir ces abus. De plus, l’étude souligne l’importance de comprendre et de traiter les facteurs médiateurs tels que le tabagisme, le manque d’activité physique, l’anxiété et la dépression, qui peuvent tous contribuer à l’association entre les violences précoces et la mortalité prématurée
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