VIH/SIDA : un nouveau facteur génétique identifié
Une légère variation sur le gène de la chimiokine RANTES peut augmenter la susceptibilité à l'infection par le VIH tout en ralentissant la progression de la maladie vers le SIDA. Ceci est la conclusion de travaux menés par des chercheurs américains du National Institute of Allergy and Infectious Diseases.
Le rôle de la chimiokine RANTES a été largement évoqué dans l'infection au VIH. En effet, le RANTES se lie au récepteur CCR5, lui-même principal co-récepteur des souches de VIH-1. Il a été montré que cette chimiokine pouvait bloquer la fusion du virus avec la cellule cible et ainsi empêcher l'entré du VIH.
Le Dr D. McDermott et plusieurs collaborateurs ont étudié les variations du gène RANTES chez des personnes infectées par le VIH. Selon le Dr A. Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases, les résultats de cette équipe "offrent la première preuve génétique que le RANTES affecte le risque de transmission du VIH".
Cette étude semble confirmer que cette chimiokine ralentit la progression vers le stade SIDA. L'initiation des recherches de molécules capables de mimer son action paraît donc être une piste intéressante.
L'immunologiste P. Murphy, qui a encadré ces travaux, rappellent que certaines personnes ne deviennent pas infectées, malgré des expositions répétées et un comportement à risque. De plus, certains sujets séropositifs progressent rapidement vers le SIDA, tandis que d'autres non. Leur objectif était d'évaluer le rôle éventuel du gène RANTES dans ces phénomènes.
Les auteurs ont pour cela analysé le gène RANTES chez des patients séropositifs pour le VIH. Ces personnes participaient à l'étude MACS (Multicenter AIDS Cohort Study), le groupe le plus important de personnes infectées par le VIH ou à risque et en suivi continu.
Les chercheurs ont étudié le polymorphisme de la séquence nucléotidique (SNP = single nucleotid polymorphism). Ces variations (SNP) impliquent un seul nucléotide sur la séquence du gène.
Ils ont ainsi démontré qu'un profil particulier de SNP était plus fréquent chez les individus séropositifs que chez les individus à risque mais non infectés. Ce profil augmente l'activité du gène RANTES. Il est associé à un doublement du risque d'infection par le VIH. Paradoxalement, les individus infectés et porteur de ce SNP progressent moins rapidement (délai augmenté de 40 %) vers le SIDA.
Ce polymorphisme nucléotidique a deux effets : augmentation du risque d'infection et diminution de la vitesse de progression vers le stade SIDA.
Les auteurs avancent une hypothèse pour expliquer ce résultat a priori contradictoire. La chimiokine RANTES est une molécule pro-inflammatoire, favorisant ainsi l'entrée du VIH dans l'organisme. Par ailleurs, RANTES se lie au récepteur CCR5 des lymphocytes T. Cette liaison interférerait avec la fixation du virus sur ce récepteur. Cet effet conduirait à rendre plus délicate la pénétration du virus dans les lymphocytes et sa dissémination, et donc l'évolution vers le stade SIDA
Le Dr McDermott note que ce résultat confirme l'intérêt des recherches sur des analogues de RANTES, tout en soulignant que ces molécules pourrait accroître la susceptibilité à l'infection.
Source : National Institute of Allergy and Infectious Diseases. Mc Dermott et al. Chemokine promoter polymorphism affects risk of both HIV infection and Disease progression in Multicenter AIDS Cohort Study. AIDS 2000;14(17):2671-78.
Descripteur MESH : VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Génétique , Infection , Maladie , Risque , Personnes , Virus , Lymphocytes , Rôle , Comportement , Expositions , Lymphocytes T , Patients , Séquence nucléotidique