Covid-19 : Une étude danoise confirme le risque de myocardite bénigne en lien avec la vaccination à ARN messager
Selon une étude danoise publiée en décembre 2021, les risques de myocardite ou de myopéricardite semblent être environ trois à quatre fois plus élevés pour les personnes qui reçoivent le vaccin Moderna comparativement à celles qui reçoivent le vaccin de Pfizer. Ces événements indésirables demeurent néanmoins très rares et bénins dans leur immense majorité.
Si ces résultats corroborent globalement l’étude d’EPI phare sur les myocardites post-vaccinales, c’est la première fois qu’un surrisque de myocardite est mis en lumière pour les femmes.
L’étude de cohorte publiée le 16 décembre dans le BMJ a permis de suivre 5 millions de danois âgés de 12 ans ou plus à partir d’octobre 2020 et pendant un an. Les personnes qui avaient déjà reçu un diagnostic de myocardite ou de péricardite dans les trois ans ont été exclues de l’analyse. 3 482 295 étaient vaccinés avec le vaccin de Pfizer et 498 814 avec celui de Moderna. 96 % des personnes vaccinées avaient reçu deux doses. Un peu moins d’un million de personnes n’étaient pas vaccinées.
Le principal critère d’évaluation était défini par la combinaison d’un diagnostic hospitalier de myocardite ou de péricardite, d’une augmentation des taux de troponine et d’une hospitalisation de plus de 24 heures. Ce qui s’est produit chez 269 sujets de la cohorte. 40 % d’entre eux étaient âgés de 12 à 39 ans et 73 % étaient des hommes.
Parmi ceux qui ont reçu le vaccin Pfizer, on a constaté 48 cas de myocardite ou myopéricardite dans les 28 jours suivant la vaccination. Le sur risque n’était statistiquement significatif que pour les femmes.
Le vaccin Moderna a été associé à un taux globalement plus élevé de myocardite ou de myopéricardite dans les 28 jours par rapport aux personnes non vaccinées.
Cependant, les taux absolus de myocardite ou de myopéricardite étaient faibles dans tous les cas.
Hazard Ratio |
95 % IC |
Nombre de cas pour 100 000 |
|
Pfizer |
1,34 |
0.90-2,00 |
1,4 |
12-39 ans |
1,48 |
0.74-2,98 |
1,6 |
Femmes |
3,73 |
1.82-7,65 |
1,3 |
Hommes |
0,82 |
0.50-1,34 |
1,5 |
Moderna |
3,92 |
2.30-6,68 |
4,2 |
12-39 ans |
5,24 |
2.47-11.12 |
5,7 |
Femmes |
6,33 |
2.11-18.96 |
2,0 |
Hommes |
3,22 |
1.75-5,93 |
6,3 |
Dans les analyses de sensibilité portant sur la première et la deuxième dose des deux vaccins, seule la deuxième dose de Moderna était significativement associée à la myocardite ou à la myopéricardite.
Le statut vaccinal n’a pas semblé être corrélé à l’évolution clinique des sujets ayant eu une myocardite ou une myopéricardite, même si les auteurs précisent que la précision de l’étude est limitée par la taille de l’échantillon statistique.
Parmi les 155 personnes non vaccinées, environ 48 % sont restées à l’hôpital 72 heures après leur admission pour cette affection, 4,5 % ont présenté une insuffisance cardiaque dans les 28 jours et 1,9 % sont décédées dans les 28 jours. Parmi les 48 personnes qui ont reçu le vaccin Pfizer, les taux étaient respectivement de 58,3 %, 2,1 % et 2,1 %. Chez les 21 patients vaccinés par Moderna, 40 % étaient hospitalisés à 72 heures, mais aucun n’a développé d’insuffisance cardiaque ou n’est décédé.
Le point de fort de cette étude par rapport à d’autres sur le sujet repose sur l’intégration des tests de troponine qui limite le risque d’erreur de diagnostic.
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Descripteur MESH : Myocardite , Risque , Vaccination , ARN , Personnes , Diagnostic , Péricardite , Troponine , Femmes , Vaccins , Hospitalisation , Lumière , Hommes