Trisomie 21 : Le diagnostic prénatal non invasif ne réduit pas les risques de fausses couches
Le diagnostic prénatal avancé non invasif (DPANI) est un test sanguin de recherche d’ADN fœtal dans le sang maternel. Il est proposé aux femmes pour lesquelles le test de dépistage combiné du 1er trimestre a révélé un risque > 1/250 de trisomie 21. Si le DPANI permet de réduire les prélèvements invasifs (biopsie du trophoblaste et amniocentèse) qui sont associés dans 0,5 à 1 % des cas à des risques de fausses couches, aucune étude n’avait étudié l’impact du DPANI sur le nombre de fausses couches.
C’est l’un des enjeux de l’essai contrôlé randomisé national SAFE 21, coordonné par le Dr Valérie Malan (à hôpital Necker — AP-HP) et le Pr Laurent J Salomon de l’Université Paris Descartes et dont les premiers résultats sont publiés dans la revue JAMA. Mené en collaboration avec le Collège Français d’Échographie Fœtale (CFEF) et le Groupe de Recherche en Obstétrique et Gynécologie (GROG), cet essai a permis d’étudier dans 57 centres français plus de 2100 femmes considérées à risque de trisomie 21 pour leur fœtus.
Deux groupes randomisés ont été constitués. Le premier baptisé « ADN » (n=1034) se verrait proposer un DPANI suivi éventuellement d’un prélèvement invasif en cas de résultats positifs alors qu’une biopsie du trophoblaste ou une amniocentèse serait proposée au second groupe dénommé « diagnostic prénatal » (n=1017).
Les résultats suivants ont été constatés :
– Le taux de fausses couches était identique dans les 2 groupes (0,8 %)
– 8,3 % de gestes invasifs ont été pratiqués dans le groupe ADN et 76,5 % dans le groupe diagnostic prénatal
– 100 % des trisomies ont été détectées via le DPANI. Le taux de faux positifs était de 5,6 %.
– le taux de diagnostic de la trisomie 21 était identique dans les 2 groupes (0,13 %)
– Les issues de grossesse n’étaient pas significativement différentes selon les groupes
Si l’étude permet de confirmer la fiabilité des DPANI, elle ne montre pas pour autant une diminution du risque de fausses couches par rapport aux prélèvements invasifs.
Pour le Collège National des Sages-femmes de France, « Il faut noter que la puissance de l’étude était insuffisante pour montrer une différence sur le risque de fausse couche entre les 2 groupes. Aussi, le bénéfice du DPANI concerne particulièrement les situations pour lesquelles il peut être évité de réaliser un geste invasif inutile, c’est-à-dire chez les femmes du groupe “geste invasif réalisé d’emblée sans DPANI” mais chez lesquelles le DPANI aurait été négatif, si celui-ci avait été réalisé. »
Malan V. et al, Effect of cell-free DNA screening vs direct invasive diagnosis on miscarriage rates in women with pregnancies at high risk for trisomy 21: a randomized clinical trial. JAMA. 2018;320(6):557-565
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