Le tabagisme passif au cœur de la journée mondiale sans tabac
Il apparaît comme une évidence que le tabac gène les non fumeurs, les trois quarts d'entre eux subissent la fumée, y compris à leur propre domicile et dans les zones non fumeur.
Le tabagisme passif se définit comme le fait d'inhaler involontairement la fumée dégagée par un ou plusieurs fumeurs qui absorbent eux le courant principal, laissant à leurs voisins le courant latéral (riche en toxiques et cancérogènes), mais aussi le courant tertiaire de rejet.
La fumée contient plus de 4000 substances chimiques, des produits toxiques et plus de 60 cancérogènes, responsables de 2500 décès par an chez les non fumeurs, contre 60 000 chez les vrais fumeurs.
Le rapport Daulzenberg remis le 31 mai 2001, à l'occasion de la journée mondiale sans tabac, met en évidence l'effet du tabagisme passif sur l'enfant et le fœtus, multipliant par deux le risque de mort subite du nouveau né de mère fumeuse, il implique une relation dose effet en fonction du nombre de fumeurs de son entourage. Le tabagisme de la mère augmente de 72 % le risque de bronchite, de 28 % l'intensité et la fréquence des crises d'asthme et de 48 % la fréquence des otites, avec bien sur une relation dose effet. Des retards de croissance intra utérins sont fréquents chez les mères fumeuses et retrouvés chez celles exposées au tabagisme passif. Chez l'adulte, on retrouve une augmentation de 25 % du risque de survenue de pathologies cardiaques, chez les sujets sains exposés ; le risque d'aggravation de pathologies cardiaques ou coronariennes antérieures étant largement majoré en cas d'exposition. Les autres cancers du fumeur, poumon, ORL voient leur fréquence augmenter, celle des pathologies respiratoire l'est également.
Il n'en reste pas moins qu'il est difficile de réagir à la fumée des autres, la résolution de ce conflit ne peut être envisagée que d'une manière non hostile, en reconnaissant notamment l'effort nécessaire au fumeur dans son comportement d'abstinence. Il faut essayer de soustraire l'enfumé au tabagisme passif, d'éviter l'opposition conflictuelle, et de ne pas démotiver le fumeur qui souhaite s'arrêter par des attitudes trop répressives, contre productives d'un éventuel sevrage.
A la question : comment faciliter la communication fumeur/enfumé ?
Il faut certainement éviter des écueils, ne pas subir sans rien dire générant ainsi l'accumulation de sentiments négatifs et hostiles, ne pas fuir pour autant et installer une tension relationnelle et agressive. Il faut être conscient de la typologie des fumeurs et tenter de s'y adapter. Quant à l'expression de la gène ressentie, il conviendrait d'être vigilant sur la formulation employée et, de développer des attitudes empathiques. La prise en compte de ces différents facteurs étant indispensable si l'on veut éviter la culpabilisation ou la mise en échec, qu'elles viennent du fumeur ou de l'enfumé !
Les pouvoirs publics ont, de leur coté fait un effort, en favorisant la mise en place d'espaces fumeurs sur les lieux de travail, en créant le concept d'hôpital et de maternités sans tabac. Mais vraisemblablement, c'est une meilleure information sur les risques liés au tabagisme passif qui feront école, d'ou la campagne du 31 mai et le programme pilote " ville sans tabac " lancé par la CNAMTS et le CFES à Albi et Villeneuve d'Ascq.
Docteur Françoise GIRARD
Descripteur MESH : Tabagisme , Tabac , Fumée , Risque , Toxiques , Cancérogènes , Mères , Travail , Sevrage , Poumon , Mort subite , Mort , Adulte , Enfant , Croissance , Comportement , Communication , Bronchite , Asthme