La propagation du VHC en Egypte est liée à des campagnes anti-bilharziose
La forte prévalence du virus de l'hépatite C (VHC) en Egypte pourrait être due à de larges campagnes de traitement contre la schistosomiase ou bilharziose. L'administration intraveineuse de tartrate d'antimoine (tartrate émétique) semble avoir conduit à la propagation du virus parmi la population égyptienne. Une étude publiée dans le Lancet indique que l'utilisation de seringues réutilisables et d'aiguilles usagées a largement contribué à la contamination des habitants.
La prévalence des maladies hépatiques en Egypte est élevée. Elle est principalement due au VHC : environ 20 % de la population présente des anticorps anti VHC. La plupart des personnes infectées ont participé à des campagnes de traitement de la bilharziose jusque dans les années 80. La bilharziose est due à la présence de vers trématodes du genre Schistosomia dans les vaisseaux sanguins. Pour lutter contre cette infection, l'injection intraveineuse de tartrate émétique (parenteral antischistosomal therapy ou PAT) a été pratiquée très largement entre 1960 et 1980.
C. Franck (University of Maryland School of Medicine) ainsi que ses collaborateurs de la faculté de Médecine du Caire et du Ministère Egyptien de la Santé et de la Population ont étudié l'influence de ce traitement sur l'incidence du VHC en Egypte
Les auteurs ont déterminé la prévalence du VHC chez 8499 Egyptiens âgés de 10 à 50 ans ainsi que le degré d'exposition de cette cohorte au traitement anti-bilharziose entre 1961 et 1986. Ce travail d'analyse a été réalisé dans 4 régions différentes du territoire egyptien.
Les chercheurs ont ainsi mis en évidence une association significative entre le degré d'exposition au traitement et le taux d'anticorps anti-VHC présents chez les individus testés. Dans toutes les régions étudiées, on note que le nombre de personnes séropositives pour le VHC est inférieur chez les enfants et les jeunes adultes. Cette diminution de la séroprévalence coïncide avec le remplacement du traitement PAT par une thérapie à base de composés administrables par voie orale.
Les scientifiques estiment donc que l'administration de tartrate émétique par voie parentérale a joué un rôle majeur dans la propagation du VHC en Egypte. Ceci a conduit à la formation d'un important réservoir de malades infectés parmi la population adulte qui explique la forte prévalence du VHC et donc des risques de transmission élevés.
Source: Lancet, March 11; Vol 355: 887-91. press release du Lancet
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