La majorité des souches de VIH résistantes seraient présentes avant le début de la thérapie
Selon une étude publiée dans le très sérieux journal Proceedings of the National Academy of Sciences, la plupart des souches de VIH résistantes aux antirétroviraux ne seraient pas générées durant la thérapie mais seraient préexistantes. Pour arriver à ce résultat, deux chercheurs ont développé un modèle mathématique complexe permettant de calculer la probabilité que ces mutants préexistent ou qu'ils apparaissent au cours du traitement.
Les conclusions de l'étude de R. Ribeiro (Université d'Oxford, Royaume Uni) et S. Bonhoeffer (Friedrich Miescher Institut, Basel, Suisse) sont d'une importance médicale déterminante pour la prise en charge des patients récemment infectés par le VIH. Néanmoins, ce travail repose sur un modèle mathématique et non pas sur une recherche fondamentale, clinique ou thérapeutique. Il sera donc difficile d'évaluer avec certitude la validité "médicale" de cette étude.
Néanmoins, leurs conclusions ne remettent aucunement en question les connaissances scientifiques actuelles sur l'infection par le VIH. Les auteurs démontrent seulement qu'il est plus probable que les patients en échec thérapeutique aient été infectés par une quasi-espèce déjà résistante. Ils ajoutent que ce modèle n'a pas pris en compte les risques d'émergence de résistance liés à une mauvaise observance du traitement antirétroviral.
Ces résultats soulignent l'intérêt des tests de résistance et du choix adéquat des thérapies à mettre en œuvre. Selon les chercheurs, "les efforts pour réduire le risque d'échec thérapeutique doivent se concentrer sur une combinaison de médicaments avec des profils de résistance différents pour réduire le risque que des souches multirésistantes ne subsistent dans la population virale exposée pour la première fois au traitement". "Accroître l'efficacité de l'inhibition de la réplication est seulement secondaire".
En résumé, R. Ribeiro et S. Bonhoeffer estiment qu'il est très vraisemblable que les mutants résistants chez les patients en échec thérapeutique étaient présents avant le début de la thérapie. "Ainsi, la clé de résistance médicamenteuse réside la population virale au début de la thérapie".
Source : PNAS 2000;97:7681-7686
Descripteur MESH : VIH Virus de l'Immunodéficience Humaine , Antirétroviraux , Probabilité , Thérapeutique , Échec thérapeutique , Patients , Population , Risque , Infection , Recherche , Suisse , Travail