Le Sida on en meurt encore

Martine Aubry, Ministre de l’emploi et de la solidarité et Dominique Gillot, Secrétaire d’Etat à la santé et aux handicapés, ont présenté les grandes lignes de la nouvelle campagne de lutte contre le VIH mise en œuvre par le Comité Français d’Education pour la Santé.

Madame Aubry, après avoir rappelé qu’aujourd'hui le nombre de contaminations en France reste important (12 personnes sont chaque jour contaminées), a présenté les objectifs de cette campagne ambitieuse, dirigée vers le grand public et ciblée sur les publics prioritaires de la lutte contre le VIH.

Afin de « ré-alerter » le grand public sur la permanence des contaminations, une campagne nationale d’affichage et une campagne TV sont prévues. Plus de 27.000 affiches seront présentes dans tout le territoire courant juillet. A partir du 24 juillet une campagne TV prenant le relais.

Les actions ciblées, à travers des partenariats de diffusion avec le tissu associatif ou utilisant des réseaux d'affinité auprès des différents publics, seront dirigées vers les hommes ayant des rapports homosexuels, les femmes (aujourd’hui on compte 1 femme contaminée pour 3 hommes alors qu’en 1988 ce rapport était de 1 pour 7), les jeunes (un partenariat avec Skyrock associant la radio et internet est prévu à l’automne), les populations migrantes et enfin les usagers de drogues.

La nette augmentation du budget alloué à cette campagne, plus de 45 millions de francs auxquels s’ajoutent les crédits déconcentrés pour les actions de proximités, traduit la volonté des pouvoirs publics ne pas relâcher l’effort de prévention alors que le taux annuel de contamination ne diminue plus depuis 1995 (4000 à 6000 contaminations par an) même si aujourd'hui les efforts consentis pour la prise en charge des patients vivant avec l’infection à VIH montrent des résultats encourageants en terme de survie et de passage au stade SIDA.

Les récentes études comportementales ont mis en évidence une diminution de la crainte à l’égard du SIDA laissant craindre une modification des comportements préventifs. Cette campagne veut donc sensibiliser la population générale et les publics prioritaires de la lutte contre le VIH sur les effets néfastes d’un optimisme exagéré face aux bénéfices des nouveaux traitements.

La campagne de communication destinée aux populations migrantes est exemplaire puisqu'elle utilise non seulement des supports et des langues différentes en fonction des origines ethniques des populations concernées mais également un large éventail de collaboration avec les circuits associatifs et les médias spécifiques de ces populations (radio Afrique santé en partenariat avec Afrique n°1, Radio France International, Radio et Télévision africaines haïtiennes, Radio Orient…. Aujourd’hui, plus de 14 % des cas de SIDA déclarés en France depuis le début de l’épidémie touchent des personnes étrangères vivant en France alors qu’elles ne représentent que 6% de la population totale.

La France, à travers son implication au sein du FSTI (fonds de solidarité thérapeutique international) créé en 1997 à l’initiative du Président de la République et de Bernard Kouchner, souhaite poursuivre les efforts qu’elle mène auprès des populations migrantes, hors de nos frontières et notamment au Maroc, en Côte d’Ivoire, au Vietnam ou au Sénégal en terme d’accès de ces populations aux traitements du SIDA.

Madame Gillot va mener dans quelques jours une délégation française au congrès international sur le SIDA de Durban afin de développer les collaborations et les échanges sur l’axe nord/sud dans le domaine du SIDA et de sa prévention. Par ailleurs, Madame Aubry a rappelé que la France et le FSTI comptent beaucoup sur les engagements pris par les grands laboratoires pharmaceutiques dans la lutte contre le SIDA dans les pays du tiers monde concernant notamment l’accessibilité aux traitements anti-rétroviraux.