Découverte et caractérisation d'un éventuel antibiotique antituberculeux
Une nouvelle classe d'antibiotique semble particulièrement prometteuse pour le traitement de la tuberculose. Des chercheurs américains menés par le Dr K. Stover (Pathogenesis Corporation, Seattle) décrivent dans le dernier numéro de Nature que ces composés nommés "nitroimidazopyrans" pourraient venir à bout des souches de Mycobacterium tuberculosis multirésistantes. Une de ces molécules, le PA-824 possède une activité bactéricide contre des souches de M. tuberculosis multirésistantes.
La lutte contre la tuberculose est aujourd'hui une priorité de santé publique. Le Dr K. Stover (Pathogenesis Corporation, Seattle) et ses collaborateurs rappellent dans leur publication que M. tuberculosis cause 2 millions de décès chaque année et qu'on estime qu'un tiers de la population mondiale est atteinte d'une tuberculose latente. De plus, l'émergence grandissante de souches multirésistantes et la synergie entre la tuberculose et l'épidémie de SIDA rend la lutte plus délicate.
Une nouvelle classe de molécules semble offrir une réelle opportunité pour traiter ces souches multirésistantes et le groupe de K. Stover estime qu'un financement adéquat et des essais cliniques concluants pourraient aboutir dans 5 à 8 ans à la mise sur le marché de ces nouveaux antibiotiques.
Ces antibiotiques sont des nitroimidozopyranes (NAPs). Les chercheurs ont synthétisé 328 de ces composés dont plus de 100 ont une activité contre M. tuberculosis.
Le PA-824 est une de ces molécules. Il est actif contre des souches de M. tuberculosis sensibles ou multirésistantes avec une CMI de 0,015 à 0,25 µg/ml selon les souches. Il présente une activité bactéricide sur les souches en réplications mais aussi sur les souches en latence, contrairement aux antibiotiques antituberculeux actuels.
Son activité bactéricide contre des souches sensibles a été mise en évidence chez la souris et le cobaye (administration orale du PA-824) et est comparable à celle de l'isoniazide, traitement de première intention de référence.
Les auteurs ont montré que le PA-824 inhibe la synthèse protéique et la synthèse des lipides de la paroi bactérienne après avoir été activé par le cofacteur F420 de M. tuberculosis.
La fréquence des résistances à cet antibiotique [9,0 x 10(-7)] serait légèrement plus faible que pour l'isoniazide [1,3 x 10(-6)].
Outre leur activité bactéricide comparable à celle de l'isoniazide, "Le PA-824 et les NAPs sont de petites molécules actives après administration par voie orale et elles devraient pouvoir être produites à grande échelle, ce qui en fait des candidats intéressants pour le développement de thérapies anti-tuberculose", ajoutent les auteurs.
"De plus, leur activité contre les souches multirésistantes et les souches en latence pourrait éventuellement réduire la durée du traitement par rapport aux thérapies courantes qui ne ciblent que les bactéries en croissance".
Source : Nature 2000;405:962-966. Communiqué de presse de Nature. lien vers le site de Nature
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