Prévention des anomalies de fermeture du tube neural : l’adhésion à la supplémentation en l’acide folique reste faible
Il y a encore du chemin à parcourir si l’on souhaite parvenir en France à une supplémentation périconceptionnelle systématique par l’acide folique, déclarent des épidémiologistes (Registre des malformations congénitales de Paris, Inserm, Villejuif) au terme d’une étude qui a eu pour objectif d’évaluer la situation à Paris en 1999 dans ce domaine.
Cette enquête a été menée 4 ans après un premier travail sur ce sujet et 2 ans après les recommandations des obstétriciens en matière de supplémentation périconceptionnelle par l’acide folique. Elle visait également à mesurer la connaissance qu’ont les femmes de la relation acide folique-anomalies du tube neural et l’acceptation d’une éventuelle prévention systématique.
Il s’avère en définitive que la prévention primaire des anomalies de fermeture du tube neural n’a que « relativement peu progressé » à Paris depuis l'enquête de 1995, au cours de laquelle 3 femmes sur 733 affirmaient en avoir bénéficié.
S. Dehe et ses collègues rappellent dans le BEH que depuis le début des années 90, l’adhésion au principe d’une prévention des anomalies de fermeture du tube neural, par supplémentation systématique des femmes en acide folique, s’est répandue dans de nombreux pays et plusieurs d’entre eux ont émis des recommandations gouvernementales : USA, Royaume-Uni, Australie, Hongrie, Pays Bas.
En France, il n’existe pas de dispositions officielles, mais cette prévention a été recommandée par la Société française de Pédiatrie en 1995, puis par le Collège de Gynécologie-Obstétrique en 1997.
La nouvelle enquête, transversale, a porté sur les femmes présentes en suites de couches dans 16 maternités parisiennes (7 privées et 9 publiques), un jour donné, quelque soit leur lieu de résidence. Les interrogatoires ont été réalisés en 2 séances, distantes de 15 jours, en juin 1999. 735 questionnaires ont pu être exploités.
L’interrogatoire, mené par une enquêtrice, a concerné tout d’abord la consommation de produits contenant de l’acide folique, avant la grossesse et au début de celle-ci. « Une aide à la mémorisation était fournie par la liste des produits répertoriés et les photographies des boîtes pour les produits les plus courants et il a été demandé de spécifier la période de prise sur une échelle graduée en semaines et son motif, puis de mentionner s’il s’agissait d’une automédication ou d’une prescription médicale », indiquent les auteurs.
La deuxième partie de l’interrogatoire a porté sur la connaissance qu’avaient les femmes de l’acide folique, plus précisément son rôle sur la grossesse, et leurs sources d’information.
Il ressort que 24,3 % des femmes interrogées ont pris un produit contenant de l’acide folique entre 1 mois avant à 2 mois après le début de la grossesse, période de supplémentation recommandée dans plusieurs pays.
Cela dit, 41,8 % des traitements n’ont été commencés qu’après le premier mois de grossesse, ce qui revient à ce que seulement 2 % du total des femmes avaient eu des supplémentations débutées avant la conception et que près de la moitié de ces dernières n’ont pas poursuivi le traitement pendant la grossesse.
Seules 11 des femmes ont indiqué avoir pris un produit (souvent de type polyvitaminique) dans le but de prévenir des malformations foetales. Parmi ces 11 traitements, 4 seulement ont été débutés avant la grossesse.
Les femmes qui "ont entendu parler de l’acide folique" représentent 55,1 % de l’échantillon. L’information provient des médias dans 32,6 % des cas, des médecins dans 25,1 % des cas.
Les 2/3 des femmes qui ont entendu parler de l’acide folique ne peuvent pas préciser son rôle pendant la grossesse, une proportion similaire étant incapable de situer dans son alimentation courante 2 aliments particulièrement riches en acide folique.
La relation entre acide folique et prévention des malformations n’est connue que par 4,6 % des femmes parmi lesquelles moins de la moitié peuvent préciser le type de malformation évitée.
Plus de 3 femmes sur 4 répondent franchement oui à la question de savoir si elles seraient prêtes à prendre un produit de façon systématique, juste avant la grossesse et au début de celle-ci, s’il était prouvé que ce produit diminue de façon importante, bien que non totale, le risque de certaines malformations graves.
Les femmes françaises semblent plus favorables au traitement que les femmes d’origine étrangère, parmi lesquelles on peut observer jusqu’à 34 % d'avis défavorables (taux constaté pour les femmes d'origine maghrébine).
Les auteurs concluent que « les résultats des pays étrangers, qui restent modérés malgré leur progression, rappellent combien l'obtention de changements de comportements de santé est un processus lent, soumis à l'influence de multiple facteurs, parmi lesquels l’adéquation de l’information mérite probablement une attention particulière ».
Source : BEH.
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