Syndromes néphrotiques : découverte d'un gène directement impliqué dans la survenue de ces affections
Une équipe française vient d'identifier un gène cellulaire dont certaines mutations sont à l'origine de syndromes néphrotiques. Ce gène, baptisé NPHS2, code pour une protéine jusqu'alors inconnue et nommée podocine. Cette découverte, publiée dans le numéro d'avril de Nature Genetics, devrait permettre d'approfondir la compréhension des processus biologiques à l'origine des syndromes néphrotiques.
Les syndromes néphrotiques sont caractérisés par un dysfonctionnement des glomérules rénaux et se manifestent par des oedèmes et une protéinurie (albuminurie). La plupart de ces syndromes peuvent être traités par des corticoïdes mais ce traitement reste inefficace pour les formes familiales de ces syndromes. Ces formes cortico-résistantes, rares mais sévères, sont transmises selon le mode récessif autosomal. Elles conduisent à une insuffisance rénale terminale qui implique une greffe de rein avant l'âge de 5 ans chez le sujet atteint.
L'équipe de C. Antignac (Inserm U 423, Hôpital Necker-Enfants malades, Paris), a caractérisé le gène responsable de cette affection héréditaire. Ce gène nommé NPHS2 est localisé sur le chromosome 1 et est préférentiellement exprimé par les podocytes des glomérules rénaux.
Le produit de ce gène est une protéine membranaire nommée podocine. Elle est insérée dans la membrane plasmique des podocytes et appartient à la famille de la stomatine (la stomatine est ancrée dans la membrane des hématies mais sa fonction reste encore mal définie).
Les auteurs ont mis en évidence 10 mutations différentes du gène NPHS2 (non-sens, faux-sens, décalage du cadre ouvert de lecture) qui semblent responsables de syndromes néphrotiques familiaux.
Bien que le rôle précis de la podocine soit inconnu, un communiqué de presse de l'Inserm indique que "La podocine pourrait servir d'ancrage de la membrane du podocyte au squelette interne de cette même cellule".
Toutefois, la découverte de cette protéine essentielle à la filtration du plasma sanguin devrait assurer une compréhension plus fine du "fonctionnement normal et pathologique des glomérules rénaux".
Les prochaines étapes des travaux concerneront la caractérisation de la fonction biologique de la podocine notamment par la création de knock-out pour le gène NPHS2. Les auteurs envisagent également d'étudier son rôle dans plusieurs affections rénales liées au diabète et au SIDA. De plus, le développement d'un test diagnostic devrait permettre "mieux orienter le traitement de la maladie".
Source : communiqué de presse de l'Inserm. Nature Genetics 2000; 24(4):349-54
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