De plus en plus d’obèses de plus en plus jeunes
L’évolution de l’obésité au cours des deux dernières décennies aux Etats-Unis montre des différences très nettes selon l’origine ethnique. Par ailleurs, l’obésité tend aujourd’hui à survenir encore plus tôt chez les jeunes adultes, indique une enquête épidémiologique publiée dans les Annals of Internal Medicine.
Le surpoids et l’obésité sont désormais clairement établis comme des préoccupations majeures de santé publique aux Etats-Unis. La prévalence de l’obésité n’a cessé d’augmenter dans ce pays depuis les années 60.
En effet, on estime que 31 % des Américains étaient en surpoids en 1960 et 13 % étaient obèses. En 1999, ces chiffres ont respectivement atteint 35 % et 26%. Outre ce doublement de la prévalence de l’obésité, on assiste également à un rajeunissement de l’âge auquel l’obésité s’établit.
L’étude rigoureuse des facteurs associés à l’apparition des ces surcharges pondérales est évidemment un préliminaire essentiel à la mise en œuvre de stratégies de prévention ciblées.
C’est dans cette optique que McTigue et al rapportent les conclusions de leur enquête épidémiologique qui retrace l’histoire naturelle de l’obésité aux USA entre 1981 et 1998. Leur travail fait aujourd’hui l’objet d’une publication dans les Annals of Internal Medicine du 18 juin 2002.
Ces auteurs ont étudié un groupe de 9.179 personnes nées entre 1957 et 1964. Elles étaient toutes entrées dans l’étude ‘National Longitudinal Survey of Youth 1979’ et correspondant à un échantillon de la population américaine où les minorités ethniques étaient sureprésentées.
L’étude a permis de recueillir des informations sur la taille en 1981. Les données concernant le poids des participants ont été collectées à 12 reprises entre 1981 et 1998. Les mesures de leur statut pondéral étaient définies par le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC = poids en kg divisé par le carré de la taille en mètre). Le surpoids correspond à un IMC compris entre 25 et 30 et l’obésité correspond à un IMC supérieur à 30.
« Globalement, 26 % des hommes et 28 % des femmes étaient obèses à l’âge de 35 à 37 ans », écrivent les chercheurs. L’origine ethnique était un facteur prédictif assez fort du risque d’obésité. En effet, la survenue de l’obésité était environ deux fois plus rapide chez les Afro-américaines et 1,5 fois plus rapide chez les Hispaniques, comparées aux femmes blanches. Ces différences étaient significatives si l’on considère les intervalles de confiance à 95 % fournis par les auteurs.
Ces variations différaient chez les hommes : on observait que les hommes d’origine hispaniques étaient ceux qui développaient le plus tôt une obésité.
Enfin, il était noté que les personnes nées le plus récemment développaient une obésité plus tôt que celles nées plusieurs années avant. En d’autres termes, l’obésité survient de plus en plus tôt. A ce sujet, on décrit de plus en plus de cas d’obésité sévère chez des enfants. Ces obésités précoces apparaissent comme des facteurs de risque important pour le développement ultérieur d’un syndrome métabolique.
L’étude de McTigue et al. s’ajoute aux enquêtes épidémiologiques récentes sur l’épidémie d’obésité et sa prévalence chez les enfants et les jeunes adultes. Toutefois, les données de McTigue et al. ne permettaient pas de mesurer la contribution de l’alimentation ou de l’exercice physique. Ces deux facteurs n’ayant pas été pris en compte, ils pourraient expliquer dans une certaine mesure les différences observées en fonction des groupes ethniques
En conclusion, l’obésité se met en place assez tôt à l’âge adulte. De ce fait, les stratégies de prévention devraient s’adresser aux « jeunes adultes » de 30-35 ans, « particulièrement ceux des minorités ethniques », concluent McTigue et al..
Source : Ann Intern Med 2002 ;136 :857-64
SR
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