L’académie de médecine mise sur l’éducation des plus jeunes pour améliorer la prévention de la mortalité prématurée en France
Aujourd’hui était remis à la demande du chef de l’état, un rapport de l’académie de médecine sur la façon de développer et d’améliorer les actions de prévention dans le système de santé français. Le constat semble alarmant si on considère la mortalité croissante chez les jeunes due aux accidents, aux drogues et aux suicides, celles des femmes à cause du tabagisme, où celles des catégories socioprofessionnelles les moins élevées par rapport aux cadres supérieurs. Selon Maurice Tubiana, président de l’académie de médecine, «le rapport est certes pessimiste, mais la situation reste réversible», en indiquant que la «réduction des inégalités sociales [en matière de mortalité] passe par une meilleure prévention dès la petite enfance».
Bien que l’état de santé en France soit bon si l’on considère uniquement l’espérance de vie, la plus longue chez les femmes avec les japonaises (83 ans), il n’en reste pas moins qu’il existe de grandes disparités selon les régions et selon les catégories socioprofessionnelles (un manœuvre vit en moyenne 8 ans de moins qu’un cadre supérieur).
Le groupe de travail à l’origine de ce rapport sur la prévention, mandaté par Jacques Chirac, a dressé une liste de cinq causes principales responsables de la mortalité prématurée en France, retrouvées d’autant plus fréquemment que le niveau d’éducation est moins élevé : le tabac, l’alcool, les accidents, le surpoids et l’obésité ainsi que le suicide.
Ces «fléaux», comme les a nommés le président de l’académie, touchent principalement les jeunes entre 15 et 30 ans et sont responsables de la mortalité prématurée de cette population de façon directe (la France compte le plus de tués par accident de la circulation en Europe, elle est également championne en matière de comportements à risque) ou indirecte (les jeunes français sont les plus gros fumeurs, les plus gros buveurs, ils se suicident le plus, ils sont les plus gros consommateurs de tranquillisants et comptent le plus d’obèses parmi ceux de l’union européenne).
Devant ce constat, les membres de l’académie mettent en avant, comme seul moyen de lutte efficace, la prévention par l’éducation, dès le plus jeune âge.
Parmi les solutions proposées, il y a l’incitation à s’occuper des enfants en attendant le retour des parents du travail (modèle suédois qui ne ferme pas ses crèches avant l’arrivée des parents), l’instauration d’un congé parental entre 0 et 2 ans (période cruciale où l’enfant développe son cerveau s’il est stimulé intellectuellement), favoriser le travail à mi-temps, ou encore la formation d’éducateurs dans les garderies.
Les académiciens ont également insisté sur la perte de repères de l’enfant en ce qui concerne l’interdit («il est interdit d’interdire») et également sur la passivité intellectuelle ainsi que le manque d’interactivité de l’enfant face à la télévision. Ont également été évoquées la nécessité d’éduquer la femme enceinte concernant les risques pour sa grossesse liés à l’alcool et au tabac (l’alcool constitue la première cause de retard mental de l’enfant) ainsi que l’amélioration de l’état bucco-dentaire de la population.
Le maître mot qui ressort de ce groupe d’étude est donc la prévention vis à vis des très jeunes (mais également des médecins, ont concédé les académiciens lorsqu’a été évoqué par exemple le problème des prescriptions d’antidépresseurs), par une amélioration de l’éducation socio-éducative et de santé, afin d’ «allonger la vie, oui, mais avec la qualité», comme l’a souligné le docteur Dreux.
Source : Académie Nationale de Médecine, 11 avril 2002, Paris
PI
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