Les patients sont plus enclins à refuser le traitement s’il induit un handicap sévère
Cette étude publiée dans le New England Journal of Medicine sur le regard que portent les séniors de plus de 60 ans atteints d’une pathologie associée à une durée de vie raccourcie, montrent que s’ils étaient plus informés sur les effets secondaires négatifs de leur traitement, ils décideraient dans leur grande majorité de ne pas le suivre si leur qualité de vie devait être sérieusement altérée.
«Un composant essentiel de la qualité des soins de fin de vie est de répondre aux demandes des patients», a commenté Terri Fried, l’auteur principal de cette étude et professeur associé de médecine interne et gériatre à l’école de médecine de Yale (Connecticut, EU).
Considérant que pour suivre cette exigence, il fallait mieux comprendre les desiderata des patients, Fried et ses collaborateurs ont réalisé cette étude de manière à mieux cerner leur attente en matière d’information apportée à la fois sur leur traitement et surtout sur l’impact de celui-ci sur leur qualité de vie rapporté à leur pronostic vital.
Cette étude a inclus 226 personnes âgées de plus de 60 ans avec un pronostic vital limité à cause d’un cancer, d’une insuffisance cardiaque ou d’une maladie pulmonaire chronique obstructive. On a demandé à ces personnes s’ils souhaiteraient suivre un traitement donné, en fonction de leur pronostic clinique et selon la gravité des effets secondaires qu’allait induire ce traitement, tout en les prévenant que le non suivi du traitement entraînerait le décès à plus ou moins long terme.
Lorsque les conséquences du traitement étaient légères avec un traitement permettant de retrouver une santé satisfaisante, 98,7% ont choisi le traitement. En revanche, lorsque des effets plus lourds du traitement sur la santé ont été annoncés, 11,2% des participants qui avaient choisi le traitement en premier lieu, ont décidé de le stopper.
Lorsque des effets secondaires handicapants soit fonctionnels soit cognitifs ont été relatés aux patients, ils ont été 74,4% et 88,8% respectivement à décider d’arrêter le traitement dans ce cas de figure.
Lorsque le pronostic clinique était la mort, le nombre de participants ayant opté pour un traitement a commencé à chuter lorsque la probabilité de mourir est passée de 50% à 90%.
Les auteurs veulent souligner par cette étude les limitations du système de procédures visant à demander avant toute intervention aux patients leurs préférences concernant les traitements, car il apparaît clairement que le souhait de poursuivre ou non un traitement dépend beaucoup de ses conséquences sur l’état général des patients, au cours de leur prise en charge.
Source : N Engl J Med 4 avril 2002;346(14):1061-6
PI
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