Inégalités raciales US devant les thérapies anti-cancéreuses

Un clivage important existe concernant la mortalité due aux cancers entre les minorités raciales américaines et la population blanche, selon une étude épidémiologique réalisée par le service de santé et de l’économie du National Cancer Institute (Bethesda, EU). Les afro-américains auraient 33% de risques en plus de mourir d’un cancer que les blancs. D’après une recherche bibliographique poussée, à la fois sur les études de mortalité du cancer et sur les traitements, il semblerait que les différences observées soient due à une hétérogénéité dans la prescription des thérapies anti-cancéreuses.

Les épidémiologistes Vickie Shavers et Martin Brown (NIH, Bethesda, EU) ont ré-examiné les données de 87 études sur les traitements cancéreux et la survie, se focalisant sur les variabilités ethniques des traitements de patients atteints de cancers du sein, du col, du colon, de la prostate, ou du poumon.

Les résultats, bien qu’ayant varié selon les types de cancers et d’après les pronostics cliniques (récidives, survie à court terme ou taux de mortalité générale), ont montré une tendance générale nette se dessinant en défaveur des minorités raciales et ethniques américaines.

Comparés aux blancs, les hispaniques femmes ont présenté plus d’incidence de cancers du col utérin. Les asiatiques ont eu deux fois plus de risque de cancer de l’estomac, et les africains davantage de risque de développer des cancers de la prostate, du poumon, du colon, du col ou de l’estomac.

Les différences observées l’ont été à tous les stades des traitements (première thérapie, thérapie conservatrice ou thérapie adjuvante). D’une manière générale, les blancs ont bénéficié de plus de thérapies agressives que les minorités, concernant les cancers de la prostate, colorectaux et du poumon, sauf lorsque les bénéfices des thérapies moins agressives étaient établis.

Les minorités raciales et ethniques américaines ont bénéficié moins souvent que les blancs d’une chirurgie appropriée concernant les cancers colorectaux et pulmonaires.

«Ces observations suggèrent que des facteurs autres que le moment de l’établissement du diagnostic (ce paramètre ayant tendance à s’estomper aujourd’hui entre blancs et minorités, celles-ci ayant davantage accès aux soins et aux campagnes de dépistage) contribuent à ces différences observées parmi les minorités ethniques», ont fait remarqué les auteurs.

Des études antérieures ayant suggéré qu’à traitement égal, les minorités et les blancs devraient bénéficier d’un pronostic vital similaire, et sans tenir compte des facteurs socio-économiques, les auteurs concluent en disant que «en réduisant l’influence des facteurs non cliniques sur la prescription des traitements anti-cancéreux, on réduira considérablement les disparités en matière de santé».

Source : J Natl Cancer Inst 6 mars 2002;94(5):334-57.

PI

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