Prédisposition génétique de l’hypersensibilité à l’abacavir
Il existerait un terrain génétique à la réaction d’hypersensibilité rencontrée vis à vis de l’analogue nucléosidique abacavir, prescrit dans les thérapie anti-VIH. Les personnes porteuses de certains allèles du système d’histocompatibilité HLA, auraient plus de risque de développer une réaction d’hypersensibilité à l’abacavir que les autres.
L’hypersensibilité à l’abacavir est observée dans environ 5% des cas. Simon Mallal et ses collaborateurs du Royal Perth Hospital (Perth, Australie), suspectant une origine génétique d’origine immunologique à ce phénomène, ont cherché les relations entre les gènes du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) et l’incidence de la réaction d’hypersensibilité à l’abacavir, parmi des patients infectés par le VIH-1 et traités avec ce médicament.
Le typage du CMH (allèles HLA) de 200 patients sous abacavir a été réalisé. Une hypersensibilité au médicament a été détectée parmi 18 de ces patients, et 15 autres ont présentés quelques symptômes infra cliniques.
L’allèle HLA-B*5701 était présent parmi 14 (78%) des 18 patients présentant une hypersensibilité à l’abacavir, et parmi 4 (2%) des 167 patients tolérant le médicament. La combinaison HLA-DR7 et HLA-DQ3 a été trouvé parmi 13 (72%) et 5 (3%) des personnes hypersensibles et tolérantes, respectivement (p<0,0001).
La combinaison des 3 allèles HLA cités a été retrouvée parmi 72% des patients hypersensibles et parmi aucun des patients tolérants (p<0,0001). D’autres marqueurs HLA provenant de l’haplotype ancestral 57.1 ont confirmé ce déséquilibre entre les deux populations et permis d’affirmer que la présence concomitante des trois marqueurs HLA étudiés, permettait de prédire à 100% une réaction d’hypersensibilité à l’abacavir, dans la cohorte étudiée.
Selon S. Mallal, ces travaux devraient permettre de réduire la prévalence de la réaction d’hypersensibilité à l’abacavir de 9% à 2,5%, en réalisant un génotypage des patients avant de leur prescrire un traitement anti-rétroviral.
Le chercheur tient cependant à préciser que la présence des 3 marqueurs HLA ne signifie pas que le risque d’hypersensibilité est exclu car quatre des patients hypersensibles n’avaient pas cet haplotype particulier.
Dans un commentaire, Amalio Telenti (Université de Lausanne, Suisse) précise que ce genre d’analyse génotypique est faisable grâce à la technologie des puces à ADN, et peut permettre de cribler des centaines de gènes de susceptibilité en une fois. Il conclut en disant que ces résultats de diagnostic génétique préthérapeutique «sont les premières gouttes avant la pluie».
Source : Lancet 2 mars 2002;359:727-32 et 722
PI
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