Le raloxifène ne modifie pas significativement le risque cardiovasculaire chez les femmes ménopausées
Selon les résultats d'un article paru dans le dernier JAMA, le raloxifène, utilisé pour le traitement de l'ostéoporose, n'affecte pas de façon significative le risque d'épisodes cardiovasculaires dans une population générale de femmes ménopausées. Il réduirait néanmoins le risque chez les femmes prédisposées.
Dans cet article, Barrett-Connor et al. détaillent l'analyse de données issues de l'essai MORE (Multiple Outcomes of Raloxifene Evaluation). L'essai MORE est un essai randomisé, en double aveugle et avec contrôle placebo qui a impliqué 7.705 femmes (moyenne d'âge=67 ans) réparties dans 180 centres dans 25 pays. Il était destiné à connaître l'effet du raloxifène sur la densité minérale osseuse et le risque de fracture vertébrale.
Dans l'essai, les patientes avaient reçu pendant 4 ans : 60mg de raloxifène par jour (n=2.557) ou 120mg de raloxifène par jour (n=2.572) ou un placebo (n=2.576).
Les auteurs de cette seconde analyse des données MORE rappellent que le raloxifène a un effet favorable sur plusieurs marqueurs du risque cardiovasculaire comme le cholestérol-LDL. Néanmoins, ces effets sur l'incidence des épisodes cardiovasculaires sont mal connus.
Les auteurs ont donc revu les données qui concernaient les "épisodes cardiovasculaires" : infarctus du myocarde (IDM), angor instable, ischémie coronaire, pontage aorto-coronaire, angioplastie percutanée mais aussi accident vasculaire cérébral (AVC) et AVC ischémique transitoire.
"Dans l'ensemble de la cohorte, il n'y avait pas de différence significative entre les groupes dans le nombre combiné des épisodes coronariens et cérébrovasculaires", écrivent les auteurs. Ces évènements concernaient 3,2 % à 3,7 % de l'effectif de chaque groupe. Les risques relatifs calculés ne montraient pas de différence significative.
Barrett-Connor et al. notent toutefois que le risque cardiovasculaire était diminué avec le tamoxifène dans un groupe de 1.035 patientes dont le risque cardiovasculaire était élevé à l'inclusion dans l'étude. Dans ce cas, le raloxifène (60 et 120mg) était associé à une réduction de 40 % du risque.
Par ailleurs, il n'y avait pas de preuve que le raloxifène provoquait une augmentation à court terme de l'incidence des épisodes cardiovasculaires.
Un essai en cours devrait permettre de régler la question de l'effet du raloxifène sur le risque cardiovasculaire chez les femmes ménopausées. Cet essai nommé "Raloxifene Use for The Heart (RUTH)" est mené sur 10.101 patientes coronariennes ménopausées. Les résultats définitifs ne seront pas disponibles avant plusieurs années
"Avant que le raloxifène ne soit utilisé dans la prévention des évènements cardiovasculaires, ces résultats doivent être confirmés dans des essais qui ont pour objectif premier l'évaluation de l'évolution cardiovasculaire", concluent les auteurs.
Source : JAMA 2002;287:847-57
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